F E S T I V A L S

03/03/2003

 

Festival International de Science-Fiction de Nantes
Du 30 octobre au 3 novembre 2002


Voici donc la troisième édition des Utopiales de Nantes. Je sais, je sais ce n'est pas du polar, quoique !… Votre serviteur a pris son panier, son petit pot de beurre, sa galette (de Beurlay - spécialité charentaise), a mis sa grande houppelande rouge pour aller voir le grand méchant loup. Ça c'est du polar !
Traquer le fauve dans la Cité des Congrès relevant de l'utopie, voire de l'uchronie, retour à la base départ : la science-fiction.
Les "Utopiales" reste un des plus importants salons du genre. Que du beau monde américain, anglais, espagnol, italien et français bien entendu. Des films en pagaille, des débats sans nombre, des expos plein les murs et des auteurs omniprésents dans une ambiance bon enfant qui ne vous prend pas la tête.
Mention très bien aux auteurs de Bande Dessinée pressurés par leurs fans et bravo aux Gazzoti - Meyor - Vehlmann pour "Lendemains sans nuages", le prix de la BD.

Beaucoup de choses à voir en trois jours. Il m'a fallu faire un choix. J'ai plus ou moins éliminé les films, mon anglais et mon japonais n'étant pas à la hauteur. Tout de même vu "La jetée" de Chris Marker, "Intacto" de l'espagnol Juan Fresnadillo - à voir absolument si vous aimez l'univers de Borges - en avant-première et divers courts-métrages assez saignants.
Le grand prix du Jury a été attribué à "Uzumaki" du japonais Higuchinsky.

Les rencontres s'articulaient en gros autour de trois thèmes : Science et Science-fiction, interviews d'auteurs célèbres, débats généraux autour de la S.F.
Quelques temps forts avec Robert Silverberg, Samuel Delany, David Brin, Christin et Mézières entre autres. Merci aux organisateurs, d'avoir prévu une traduction simultanée pour les pimpins qui causent pas anglais, y'en avait dans la salle. Débats passionnants également sur les sciences de pointe : clonage, OGM, dopage, ADN et autres sigles plus ou moins connus. Une bonne mise au point qui nous montre à quel point le public est peu informé sur les travaux scientifiques. Intéressante, enfin, la rencontre avec les illustrateurs. Ces oubliés de la première page, revendiquent haut et fort leur appartenance à La S.F. Ils le prouveront en fabriquant en trois jours un cadavre exquis (organisé par Art & Fact), une bricole de 5m sur 2. Huit peintres qui pourraient donner des leçons à beaucoup d'artistes "dits sérieux".

Entre deux débats, visite des expositions. A tout seigneur, tout honneur, Mézières, réalisateur de l'affiche. Qui n'a pas lu un "Valérian" une fois dans sa vie ? En prime, vidéo-rétrospective de toute la carrière d'un auteur à deux têtes (ne pas oublier Christin, le scénariste).
Une foultitude de sculptures de Jean Fontaine parsèment tout l'espace. Au gré des flâneries on admire les détournements bizarres subis par l'humain et la mécanique, le tout pimenté d'un humour sans faille.
Au sous-sol, toujours dans la catégorie humour, détournement d'affiches et de cartes postales sur le mode fantastique. Plonk et Replonk font très fort et posent les questions essentielles : qui de l'œuf ou de la poule… ?
Plus sérieux ( ! ?) expo sur la compagnie des glaces, concoctée par Jozelon et Francescano, les illustrations de Jules Verne par Didier Graffet et dans l'espace libraire, une interprétation du "Seigneur des anneaux" de John Howe. Ouf ! pourvu que je n'aie oublié personne.

Tout cela donne soif. Vite au bar de Spock, lieu informel de rencontre (fumeurs, s'il vous plaît) ou tout le monde se côtoie autour d'un café. C'est incroyable ce qui peut se consommer comme café. Une pleine piscine dixit une serveuse ! Moment idéal pour approcher timidement les monstres sacrés : Silverberg, Priest, Delany, Brin et les moins connus. Bonne représentation française avec Fontana, Ayerdahl, Pagel, Wagner, Grenier parmi tant d'autres. Discussion plus ou moins passionnée avec les fanzineux,
les Jeux-de-rôlistes et les z'amateurs (allumés comme de bien entendu).

Enfin l'instant suprême : La Remise des PRIX.
Le seul intéressant, point de vue pognon, le Prix Alain Dorémieux va à un jeune auteur distingué pour la qualité de sa prose. Bravo à Sylvie Laîné, lauréate 2002.
Le Prix de l'Imaginaire se décline de dix façons différentes dont nous retiendrons Le Prix du Meilleur Roman décerné à Michel Pagel pour "Le roi d'août" et Le Meilleur Roman Etranger "La tour des rêves" de Jamil Nasir.
Le Prix Utopia 2002, le plus prestigieux, va sans surprise à Robert Silverberg pour l'ensemble de son œuvre (100 romans et plus de 1000 nouvelles !!!).

Bernard Reversat