19/03/2007
Fin de cavale pour Cesare Battisti
Le romancier en fuite depuis août 2004 a été arrêté hier dimanche 18 mars à Rio de Janeiro. Le Brésil de
Lula, s‘il lui a été fatal pour sa cavale, saura peut-être lui éviter une extradition vers l'Italie. Aucune convention ne serait en vigueur entre les deux pays concernant les jugements par contumace prononcés lors d‘une période d'exception et exécutoires sans nouveau procès. Les avocats français de l'écrivain et ancien membre des prolétaires armés pour le communisme sont en route pour Brasilia, où Cesare Battisti devrait être transféré aujourd'hui. S'il était renvoyé en Italie, il serait emprisonné à vie alors qu'il a toujours nié les meurtres qui lui ont été incriminés et qu'avant de prendre la fuite il avait écrit vouloir un nouveau procès.
Bernard Bec
18/03/2005
La Cour Européenne des Droits
de l’Homme, dernier rempart pour Cesare Battisti.
Après la validation par la Cour de
Cassation de son extradition le 13 octobre 2004, la signature
du décret d’extradition par le premier ministre Jean-Pierre
Raffarin le 20 octobre 2004, le Conseil d’Etat a confirmé
ce jour, le vendredi 18 mars 2005, la mesure d’extradition
de Cesare Battisti.
Il ne reste plus, pour éviter l’errance perpétuelle
ou l’extradition de l’écrivain, la CEDH.
Bernard Bec
27/09/2004
Dernier recours pour Cesare Battisti
Mercredi 29 septembre 2004, à partir
de 14 heures, la Cour de Cassation examinera le pourvoi déposé
par les avocats de Cesare Battisti contre l’avis favorable
à son extradition vers l’Italie.
Bernard Bec
30/08/2004
Cesare Battisti, sous le coup maintenant
d’un mandat d’arrêt international, avait écrit
à la Justice française par le biais de ses avocats.
Voici le texte intégral de ce courrier :
Je suis dans l'obligation de me soustraire
au contrôle judiciaire qui m'a été imposé
et je veux m'en expliquer face à la justice française.
Je ne quitterai pas la France, je ne saurai pas le faire,
c'est mon pays et je n'en vois pas d'autre dans mon futur.
Ma vérité est ici, beaucoup de citoyens français
me l'ont confirmé. La Cour d'Appel de Paris, en se
déclarant favorable à mon extradition, m'a condamné
à la prison à vie en Italie. Le choc est énorme,
je ne pouvais pas croire que la justice française se
plierait au pouvoir politique, revenant sur la chose déjà
jugée en 1991, je ne pouvais pas croire qu'elle accepterait
la contumace italienne qui ne me donne plus aucune possibilité
de défense. Enfermé à vie, trente ans
après les faits, ce seraient la famille, les enfants,
d'autres vies qui paieraient. Je ne peux pas courir ce risque,
ne plus revoir mes enfants, le pays où ils sont nés,
l'idée m'est insupportable. La déclaration de
Jacques Chirac, deux jours après la décision
de la Cour d'Appel, a achevé de m'ôter tout espoir.
Face au gouffre, que me reste-t-il ? Seulement mes enfants
et la subtile possibilité, un jour peut-être,
de pouvoir m'expliquer sur mes responsabilités politiques
et pénales et revenir enfin sur ce passé que
l'Italie voudrait, me semble-t-il, enterrer à jamais
au prix d'une sauvage contrefaçon historique. Je me
soustrais au contrôle judiciaire, donc, mais je reste
en France, parce que c'est d'ici, avec l'aide de tous ceux
qui encore croient à cette justice qui avait fait de
la France le pays des Droits de l'homme, que je continuerai
à me battre afin que justice soit faite et à
l'homme et à l'histoire. Cette conviction me donne
le courage d'attendre l'ultime décision, jusqu'au dernier
recours, dans l'espoir que, dans ce pays qui est le mien,
les mots Justice et Liberté signifient encore quelque
chose.
Cesare BATTISTI
23/08/2004
Cesare Battisti… Répond aux
abonnés absents.
Après avoir envoyé à l’AFP un communiqué
de presse, le 6 août 2004, dans lequel il jurait qu’il
n’avait pas commis les crimes que lui attribuait la justice
italienne, Cesare Battisti ne s’est pas présenté
le 21 août à son ixième contrôle
judiciaire.
Ses avocats communiquent :
COMMUNIQUE DES AVOCATS DE BATTISTI
Nous apprenons que Cesare BATTISTI ne s'est
pas présenté le 21 août 2004 au rendez-vous
hebdomadaire de son contrôle judiciaire.
Nous l'avions rencontré récemment
et avions perçu à cette occasion qu'il supportait
de plus en plus mal, sur le plan psychique, le harcèlement
médiatique, judiciaire et policier qui lui avait soudainement
été imposé après tant d'années
de vie familiale et professionnelle vécues au grand
jour et avec l'accord des plus hautes autorités de
notre pays.
Le revirement brutal d'une politique aussi
permanente, perpétré à l'encontre des
réfugiés italiens des années de plomb
alors qu'ils avaient officiellement bénéficié
d'un asile consolidé depuis un quart de siècle
par tous les gouvernements de la France, ne peut que générer
des conséquences humaines dont l'extrême gravité
touche aujourd'hui des familles entières et leurs enfants.
Nous ne savons pas actuellement ce qu'il
advient de Cesare BATTISTI, mais l'expertise médicale
qu'il nous a remise, effectuée récemment par
le Docteur Hervé BOISSIN, Médecin Expert près
la Cour d'Appel de Paris, Médecin agréé
et membre du Comité Médical ministériel
du Ministère de l'Intérieur et de la Préfecture
de Police, renforce nos inquiétudes.
Il est urgent de mettre fin à ce
reniement des droits acquis par des femmes et des hommes que
la France s'était officiellement engagée à
protéger.
Irène TERREL & Jean-Jacques de FELICE
30/06/2004
Cesare BATTISTI… Extradable
Ce jour à 15h00, la Chambre de l’Instruction
de la Cour d’Appel de Paris s’est dite favorable à
l’extradition vers l’Italie de l’écrivain Cesare Battisti…
Bernard Bec
15/06/2004
Cesare Battisti
:
Rassemblement et concert de soutien le 26 juin 2004
Sous le haut patronage
de la Ligue des Droits de l’Homme et de France Libertés
ce rassemblement/concert aura lieu, à partir de 19
heures, au Théâtre de l’Oeuvre, 55 rue de Clichy,
dans le 9e arrondissement de Paris.
De nombreux intellectuels,
écrivains, artistes et hommes politiques de gauche
comme de droite seront présents : Edouard Baer, Guy
Bedos, Enki Bilal, Jacques Bobe (Député de Cognac
/ UMP), Jacques Bravo (maire du 9e arrondissement / PS), Claude
Chabrol, Régine Deforges, Benoît Delépine,
Annie Dupérey, Jean Ferrat, Thomas Fersen, Dan Franck,
Jean-Louis Foulquier, Juliette, Lio, Laure Marsac, Sapho,
Yves Simon, Michel Tubiana (Président de la Ligue des
Droits de l’Homme), Fred Vargas, Pierre Vassiliu, Pierre Vidal-Naquet,
Christian Vincent…
Rappel : Cesare Battisti
doit être fixé sur son sort (demande d’extradition
déposée par la justice italienne) le 30 juin
2004.
Bernard Bec
13/05/2004
Cesare Battisti en attente de la décision
finale.
Hier, devant les magistrats
de la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel de Paris,
en présence de Cesare Battisti et de ses avocats, l’Avocate
Générale Sylvie Petit-Leclair a souhaité
que la cour donne un avis favorable à la demande d’extradition
déposée par l’Italie, puisqu’à son avis
: « L’ensemble des éléments suffit à
démontrer que la demande de l’état italien ne
souffre d’aucune discussion ».
Les avocats de Cesare
Battisti, deux français et un italien, ont point par
point mis à mal les accusations portées par la
représentante du parquet général, qui d’après
certaines personnes présentes dans la salle d’audience,
n’a pas déclenché un intérêt particulier
de la part des juges. Un, se serait même assoupi…
Lors de la plaidoirie des avocats de Cesare Battisti, il en
a été tout autrement. Les magistrats prenaient
des notes.
Voilà Cesare Battisti,
une nouvelle fois, en attente d’une décision finale.
La Cour ira-t-elle dans le sens du Parquet Général
ou sera-t-elle respectueuse de la parole donnée par le
Président François Mitterrand et fera-t-elle la
part du faux et du vrai dans cette affaire ? Réponse
prévue fin juin.
En attendant, pour vous
faire une idée objective, nous vous conseillons de lire
l’ouvrage de Fred Vargas « La Vérité sur
Cesare Battisti ». Dans ce livre, l’historienne relate
les années de plomb, ses tortures, ses manipulations,
les faits reprochés à Cesare Battisti, les mensonges
de certains, les affabulations d’autres et sa dénonciation
par le repenti Pietro Mutti.
« La Vérité
sur Cesare Battisti » / Fred Vargas – Collection BIS des
éditions Viviane Hamy (7 euros) en librairie dès
le 21 mai 2004.
Bernard Bec
08/05/2004
« La Vérité
sur Cesare Battisti »… Le livre qu’il faut lire.
Après ravoir lu
et entendu tout et n’importe quoi dans certains journaux, hebdos
et sur certains médias, Fred Vargas, écrivaine,
mais aussi archéologue et historienne réputée,
a rassemblé textes et documents pour relater le parcours
de Cesare Battisti et celui de l’Italie lors des années
de plomb.
Ce livre, édité dans la collection de poche «
Bis » de Viviane Hamy, sera en vente dès le 21 mai
2004 dans toute la France. Son prix : 7 euros.
Bernard Bec
10/04/2004
Demande
d’Extradition
L’examen
de la demande d’extradition de Cesare Battisti qui devait avoir
lieu le mercredi 7 avril 2004 a été reporté
au mercredi 12 mai, l’Etat Italien ayant fait parvenir de nouveaux
documents.
Bernard
Bec
La veille
de ce report, le 6 avril, Le Monde publiait le texte
suivant signé par les historiens Pierre Vidal-Naquet et
Madeleine Rebérioux, le sociologue Edgar Morin, et Stéphane
Hessel ancien ambassadeur de France :
La
parole de la France
Que Cesare Battisti et les autres Italiens menacés d'extradition
par le gouvernement français soient coupables ou non des
faits qui leurs sont reprochés par la justice italienne
ne nous regarde pas. Nous ne prétendons pas non plus donner
de leçons de démocratie à l'Italie, mais
en nous opposant fermement à ces extraditions, nous voulons
faire respecter la parole donnée par la France à
ces Italiens qui se sont réfugiés sur son sol pour
fuir les poursuites liées aux violences des années
de plomb.
En matière
de droit d'asile, la parole de la France nous est à tous
un sujet de fierté et cette soudaine menace de reniement
nous touche directement, intimement. C'est elle que nous entendons
stigmatiser d'une façon à la fois brève et
précise. Brève, car la fameuse "doctrine Mitterrand",
c'est-à-dire la décision unilatérale prise
par un président de la République d'accueillir en
France les militants révolutionnaires italiens qui auraient
déposé les armes se résume en quelques phrases
dépourvues de toute ambiguïté ; précise,
car, pour lever tout doute sur la portée réelle
de cette doctrine, nous avons souhaité nous référer
à sa formalisation et à sa teneur en rappelant exactement
ce qui a été dit et écrit par ses créateurs.
En 1985,
à l'occasion du 65e congrès de la Ligue des droits
de l'homme, le chef de l'Etat, François Mitterrand, affirmait
: "Prenons le cas des Italiens, sur quelque trois cents
qui ont participé à l'action terroriste en Italie
depuis de nombreuses années, avant 1981, plus d'une centaine
sont venus en France, ont rompu avec la machine infernale dans
laquelle ils s'étaient engagés, le proclament, ont
abordé une deuxième phase de leur propre vie, se
sont insérés dans la société française,
souvent s'y sont mariés, ont fondé une famille,
trouvé un métier... J'ai dit au gouvernement italien
que ces trois cents Italiens... étaient à l'abri
de toute sanction par voie d'extradition..."
En 1998,
le premier ministre Lionel Jospin écrivait dans une lettre
adressée au cabinet de Felice-Terrel et rendue publique
par la presse : "Vous avez appelé mon attention
par une lettre du 5 février 1998 sur la situation de ressortissants
italiens installés en France à la suite d'actes
de nature violente d'inspiration politique réprimés
dans leur pays. (...) Je vous indique que mon gouvernement n'a
pas l'intention de modifier l'attitude qui a été
celle de la France jusqu'à présent. C'est pourquoi
il n'a fait et ne fera droit à aucune demande d'extradition
d'un des ressortissants qui sont venus chez nous dans les conditions
que j'ai précédemment indiquées. Par ailleurs,
des dispositions vont être recherchées afin que les
signalements introduits dans le système d'information de
Schengen et automatiquement diffusés n'emportent plus de
conséquences à l'égard de ces personnes..."
Ces mots,
clairs et nets, ne prêtent à aucune interprétation
: il y a bien octroi d'asile en pleine connaissance de la gravité
de faits couverts ; ces faits graves sont bien de nature politique
; cet asile accordé aux bénéficiaires est
un et indivisible, erga omnes, sans la moindre possibilité
de dérogation ; il ne peut y avoir extradition que s'il
y a reprise de l'action terroriste.
Sous deux
présidents de la République et neuf gouvernements
successifs, toutes tendances politiques confondues, cet asile
a été maintenu.
Or, vingt
ans plus tard, et après le sérieux coup de canif
aussi scandaleux qu'inique que représente l'extradition
de Paolo Persichetti en août 2002, ce gouvernement tente
de s'enfoncer encore plus avant dans la voie du reniement de la
parole donnée en arguant, soit d'une prétendue obsolescence
de la "doctrine Mitterrand", soit d'une soi-disant exclusion
de certains crimes graves. Tout cela n'est qu'une vaste entreprise
de désinformation qui ne convainc aucun de ceux qui, comme
nous, tiennent au respect des engagements pris par leur pays.
Car toute extradition qui viserait l'un ou l'autre de ces Italiens
serait en dehors de toute légitimité. Rupture injustifiée
et injustifiable d'un "contrat politique" unilatéral
passé par la France, elle prendrait le risque d'entrer
dans l'histoire par la porte dérobée habituellement
réservée aux trahisons.
Pour finir,
laissons la parole, que nous faisons nôtre, à Robert
Badinter, ancien garde des sceaux, qui déclarait dans les
pages du Corriere della Sera daté du 5 mars 2004 :
"Ce que l'on appelle "doctrine Mitterrand"
peut être discuté, approuvé ou désapprouvé,
mais demeure la décision d'un président de la République,
du plus haut représentant de l'Etat, qui engage donc l'Etat
lui-même, y compris sur le plan politique. Je ne vois pas
pourquoi reconsidérer, vingt ans après, un engagement
de l'Etat français par rapport à un contexte historique
et à des positions qui restent inchangés."
28/03/2004
Mercredi 30 mars
2004
Salon « Cesare Battisti » à la Mairie
du 9e arrondissement de Paris
Sur l’initiative du comité
de soutien contre l’extradition de l’écrivain, un salon
se tiendra le 30 mars de 18 à 23h30 à la Mairie
du 9e arrondissement, 6, rue Drouot – Métro Le Pelletier.
Au programme :
Débat « Pour
le respect de la parole de la France » avec le sociologue
Jean-Marc Salmon, l’écrivain Dan Franck et l’avocat Jean-Jacques
de Felice.
Lectures de textes de Cesare
Battisti par des comédiens.
Projection du film
Cesare Battisti, Résistances de Pierre-André
Sauvageot suivi d’un débat.
Séance de signatures
de Cesare Battisti en compagnie de Claude Amoz, Jean-Pierre Bastid,
Régine Desforges, Dan Franck, Frédéric H.
Fajardie, Guiseppe Genna, Thierry Jonquet, Michèle Lesbre,
Dominique Manotti, Patrick Mosconi, Jean-Hugues Oppel, Jean-Bernard
Pouy, Serge Quadruppani, Michel Quint, Patrick Raynal, Romain
Slocombe et Fred Vargas.
Bernard Bec
28/03/2004
Messieurs qu’on nomme
grands, je vous écris cette lettre…
…Après la libération
de Cesare Battisti, une déferlante d’articles et de sujets
s’est abattue sur les journaux, les radios et les télés.
Les uns soutenant la demande de non-extradition de l’« écrivain
» Battisti, les autres souhaitant l’extradition du «
terroriste » Battisti… Mais pendant ce temps les comités
de soutien envoyaient une lettre au Président de la République
Française. Celle-ci est parvenue à Monsieur Jacques
Chirac le 18 mars. Depuis, silence radio ou plutôt silence
Élysée.
La voici :
le 15 mars 2004
Les comités
de soutien contre
l'extradition de Cesare Battisti
et des autres réfugiés italiens
Ligue des Droits
de l'Homme
138 rue Marcadet
75018 - Paris
Monsieur Jacques
Chirac
Président de la République
Objet : Lettre ouverte au Président de la République,
contre l'extradition de Cesare Battisti.
Monsieur le Président
de la République,
Nous, citoyens
français, profondément attachés aux valeurs
de la République et de son Droit, nous nous tournons vers
vous, et nous nous permettons de solliciter votre attention sur
la demande d'extradition formulée par l'État italien
à l'encontre de Cesare Battisti et d'autres réfugiés
italiens en France.
Vous, le premier,
croyez en la valeur et en l'honneur de la parole donnée
par la République française, en son obligatoire
pérennité, et en la nécessité de ne
pas la voir bafouée. Vous avez à plusieurs reprises
rappelé l'importance de son "strict respect".
Si cette parole d'État venait à être reniée,
que resterait-il de la crédibilité des engagements
de notre pays ? Cette parole d'État, c'est vous qui en
êtes le garant.
En 1985, la République
française a donné sa parole et s’est engagée
formellement à ne pas extrader les réfugiés
politiques italiens rescapés des « années
de plomb », et à leur accorder l'asile. Cette parole
fut encore confirmée avec force en 1998 sous votre présidence,
et avalisée par l'octroi à tous d'un titre de séjour.
Sur la foi de cet engagement, de nombreux exilés italiens
se sont installés en France, terre des droits de l’Homme
qui leur offrait un refuge. C’est cette parole de la France qui
risque d'être aujourd'hui trahie.
Le 7 avril prochain,
la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris examinera
la demande d’extradition de Cesare Battisti. Aujourd'hui écrivain,
il vit à Paris depuis treize ans avec ses deux enfants.
Comme vous le savez, il fut jugé dans son pays par contumace
pour des faits liés aux affrontements politiques et sociaux
d’alors. Il y fut condamné, comme de nombreux autres, sur
la base des déclarations négociées de «
repentis », en échange d'une réduction de
leur propre peine, ou souvent de sa suppression. En cas d’extradition,
Cesare Battisti ne bénéficiera d’aucun nouveau procès
en Italie, et y sera aussitôt emprisonné à
vie.
Les faits qui font l'objet de la procédure d'extradition
en cours sont les mêmes que ceux déjà examinés
il y a treize ans par la Chambre d'Accusation de la Cour d'Appel
de Paris qui, par deux arrêts rendus le 29 mai 1991, a déclaré
Cesare Battisti non extradable. Une décision définitive
a donc déjà été prise, refusant cette
extradition. Or selon le principe, fondamental dans un État
de Droit, au nom duquel « on ne juge pas deux fois la même
chose », les arrêts de 1991 ne peuvent plus être
remis en question sans que cela constitue une entorse gravissime
aux fondements de notre droit.
Nous sommes déjà plus de 21.000 à avoir signé
la pétition contre l’extradition de Cesare Battisti. Son
cas concerne tous les réfugiés politiques italiens
aujourd’hui abrités sur notre sol.
En accédant à cette demande d’extradition, ainsi
qu'en acceptant toute autre demande qui viserait ces réfugiés
italiens, la France se rendrait coupable de trahir et son droit,
et sa parole. Or c’est sur le respect sans faille de ces valeurs
que se fonde la solidité et la dignité de notre
République. Cette République, sa parole, sa loyauté,
son droit, il nous faut les défendre. Comme nous les avons
défendus tous ensemble lors du second tour des élections
présidentielles en mai 2002.
Aujourd'hui,
de même, nous réaffirmons solennellement, et quelle
que soit notre appartenance politique, notre attachement fondamental
aux valeurs et aux principes républicains. À l'honneur
de la parole de la République française dont vous
êtes le garant. C'est pourquoi nous vous demandons, Monsieur
le Président, de rappeler avec force la pérennité
de la parole d’État qui fut donnée à Cesare
Battisti et aux autres réfugiés italiens.
C'est sur vous que reposent notre confiance et notre espoir.
Dans cet esprit,
nous nous permettons de solliciter de votre haute bienveillance
une audience avec nos représentants afin de vous exposer
nos préoccupations avant la date du jugement.
Nous vous prions
de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de
la République, l'expression de notre très haute
considération,
Les Comités
de soutien contre l'extradition de
Cesare Battisti et des autres réfugiés italiens
03/03/2004
LIBERTE pour Cesare
Battisti… et prolongation…
Cesare Battisti a recouvré
la liberté cette après-midi après 23 jours
passés à La Santé.
Le jugement sur le fond de l’affaire, à savoir la demande
d’extradition de Cesare Battisti, est fixé au 7 avril 2004.
Bernard Bec
01/03/2004
Lettre ouverte au
ministre de la culture
Monsieur le Ministre,
L’arrestation du romancier
Cesare Battisti et la menace d’extradition qui pèse sur
lui suscitent émotion et réprobation dans le monde
de la culture, et bien au delà.
Écrivains et romanciers,
éditeurs et traducteurs, libraires, dessinateurs et photographes,
artistes, comédiens et cinéastes, femmes et hommes
de culture, vous demandons de rompre votre silence sur la situation
de Cesare Battisti.
Nous ne pouvons pas accepter
que notre république revienne brutalement sur l’engagement
donné à Cesare Battisti de vivre chez nous à
la condition de rompre avec la logique des années de plomb,
promesse que Cesare Battisti a pleinement respectée.
Nous ne pouvons pas accepter
que Cesare Battisti soit menacé d'extradition au gré
d'une volte-face judiciaire inacceptable, et emprisonné
à vie en Italie, sans recours possible du fait d'une loi
inique.
Il en va de l’honneur
de la France, enrichie de tant d’apports venus du monde entier,
et de sa culture dont vous êtes le garant et le défenseur
naturel.
Il en va du respect de
la parole donnée, comme de l’avenir des libertés
et des droits dans l'Europe en construction.
C'est pourquoi nous vous
demandons, Monsieur le Ministre, d’intervenir afin que la liberté
soit rendue à Cesare Battisti et que lui soit définitivement
assuré le droit d'asile promis.
Publiée dans
Libération ce lundi 1er mars 2004, cette lettre ouverte
a été signée par 430 « acteurs culturels
».
Bernard Bec
26/02/2004
Des mots, des traits
et les trois couleurs du drapeau…
Soutien à Cesare
Battisti : Chantal Montellier et Didier Daeninckx sont au programme
de ce jour.
Chantal Montellier
Cesare Battisti,
Victor Hugo et Benito Mussolini
Il y a un quart de siècle,
l'éventualité d'un coup d'État d'extrême
droite était une réalité en Italie. La faiblesse
des institutions, l'emprise d'une classe politique corrompue,
l'alignement du pays sur une Amérique martyrisant le Vietnam,
ont conduit toute une génération à penser
qu'il fallait s'opposer au malheur par le moyen des armes.
On peut confortablement et raisonnablement juger aujourd'hui qu'il
s'agissait là d'une erreur d'analyse. L'histoire se fait
dans la tourmente et s'écrit une fois le calme revenu.
On sait que Victor Hugo, proscrit célèbre, ne participa
pas à la Commune de Paris, une révolution ouvrière
saccagée, massacrée, dont le sang, par rivières
entières, teinta la Seine de rouge. Pourtant, il ne cessa
de se battre pour que les milliers de combattants exilés,
dont sa grande amie Louise Michel, puissent rentrer à Paris,
la tête haute.
Au Sénat, en février 1878, il proclamait :
"Vous n'avez qu'une chose à faire : ou la grâce
ou l'amnistie.
Qu'est-ce que la grâce ? C'est une peine.
Qu'est-ce que l'amnistie ? C'est un effacement.
Ce sont les deux contraires.
Les guerres civiles ne sont finies qu'apaisées.
En politique, oublier, c'est la grande loi.
(...)
La guerre civile est une faute. Qui l'a commise ?
Tout le monde et personne.
Sur une vaste faute, il faut un vaste oubli".
Quelques années auparavant, alors qu'on lui proposait de
quitter Guernesey, sans que rien ne soit changé à
la nature du régime qui gouvernait la France, il avait
répondu :
"Quand la liberté rentrera, je rentrerai".
Car la liberté passe
aussi par les textes. On ignore qu'aujourd'hui encore, en 2004,
le Code Pénal italien, celui-là même sur lesquels
les juges s'appuyèrent pour condamner Cesare Battisti et
des centaines de révoltés, porte sur sa première
page les noms de ses initiateurs de 1930. Rocco était alors
ministre de la Justice sous le règne de Vittorio Emanuele
III, et il apposa sa signature près de celle de son maître,
le dictateur fasciste Benito Mussolini.
L'héritier de Rocco s'appelle Castelli. Il appartient à
la très xénophobe Ligue du Nord que ne gène
pas cette référence au Duce. Au contraire. Il a
été nommé par Silvio Berlusconi, détenteur
de la carte numéro 1816 de la Loge P2, qui ne craint pas,
lui, de dénoncer "la contiguïté entre
le mouvement anti-globalisation et le terrorisme".
En s'appuyant sur les dérives d'un passé vieux de
trente années, c'est en vérité au présent
également qu'ils veulent s'attaquer.
Didier Daeninckx
Ceux qui voudraient en
faire de même peuvent nous envoyer textes, dessins, etc…
Bernard Bec
23/02/2004
La mobilisation
pour la Libération de Cesare Battisti s’amplifie.
Daniel Pennac écrit
à Cesare Battisti.
Six billets d’humeur dans l’Humanité. Ceux de Mouloud Akkouche,
Patrick Bard, Lilian Bathelot, Olivier Douyère, Jef Tombeur
et Francis Zamponi.
François Guérif et Joëlle Losfeld sont dans
Libération.
Jacques Bobe, le Député
de la Circonscription de Cognac et Jérôme Mouhot,
le Maire de Cognac se sont associés, le 21 février,
à l’action du Comité de Soutien de Cognac. Ils doivent
envoyer une lettre commune au Premier Ministre et au Garde des
Sceaux.
Lundi 23 février 2004, « Charente Libre » et
« Sud Ouest » ont relaté dans leurs colonnes,
l’affaire « Cesare Battisti », la prise de position
des deux hommes politiques cognaçais, et l’action du Comité
de Soutien composé de Sylvie Denis, Roland C. Wagner et
de Bernard Bec (tiens, c’est moi !).
Ségolène Royal, présente dans la cité
du Polar et accessoirement des eaux de vie, le 23 pour une réunion
électorale, a signé la pétition comme d’ailleurs
une bonne centaine de personnes dont des députés,
des conseillers régionaux, des conseillers généraux
et des maires.
La gazette de Claude Mesplède
se retrouve directement sur la toile. Un site vient d’être
créé : http://cesarebattisti.free.fr/
L’éditeur Henri
Labbe (Eden) propose de mettre à disposition gratuitement
le dernier livre de Cesare Battisti à tout organisme voulant
le vendre lors d’action en faveur de l’écrivain. Les recettes
seront intégralement reversées pour le paiement
des frais de justice (contact : 01 42 23 05 15).
Rappel :
La demande de remise en liberté de Cesare Battisti sera
étudiée par la 1ère chambre d’Instruction
de Paris le mercredi 3 mars 2004 à 14heures. Nous y serons.
Bernard Bec
(d’après la Gazette de Claude Mesplède)
23/02/2004
Liberté
pour Cesare Battisti
Rappel :
Si vous voulez signer la pétition en faveur de la libération
de l’écrivain cliquez directement :
http://www.mauvaisgenres.com/arrestation_battisti.htm
Bernard Bec
20/02/2004
Le soutien à l’écrivain
Cesare Battisti se met en place
Claude Mesplède, la mémoire du
Polar, récolte toutes les infos et toutes les initiatives
et ensuite nous les communique par sa Gazette « Liberté
pour Césare Battisti ». L’homme déclare être
rivé devant son écran et scotché à
son fauteuil durant 10 heures par jour. Un courriel arrive par
minute à certains moments. Feuilletons-la !
Un comité de soutien est né à
Toulouse le jeudi 19 février. La prochaine réunion
se tiendra à la librairie de La Renaissance le lundi 23
ct à 18heures.
Valerio Evangelisti déclare que la pétition
italienne a déjà reçu mille cinq cents signatures.
De plus, il propose de louer un stand collectif au prochain salon
du livre de Paris.
L’illustrateur Jean-Claude Claeys s’associe à
l’action en fournissant à la gazette l’une de ses illustrations
noire de chez noir. Les mots ne sont pas son fort.
L’Ours Polar de Christophe Dupuis mobilise ses
troupes et lance un appel aux écrivains de la région
Aquitaine. Cesare Battisti avait été en résidence
à Langon en 2002.
Corinne Naidet, du fanzine « La Noir’Rode
» a alerté la presse régionale de la région
PACA.
Le Bureau National du Parti Socialiste soutient
Cesare Battisti et a rédigé un communiqué
de presse dans ce sens le 17 février.
Philippe Sollers s’accroche avec Christine Bravo
dans l’émission de Laurent Ruquié sur France 2.
Bravo avançant quelques contre-vérités, Sollers
lui démontra le peu de consistance et le manque de vérité
de ses propos.
La célèbre librairie Mollat de
Bordeaux annonce la mise en place d’une vitrine « Battisti
» pour la semaine prochaine.
Les Elus Communistes de la Ville de Paris proposent
et obtiennent le 19 février en conseil municipal que Cesare
Battisti soit fait « Ami de la Ville de Paris ».
BHL, Bernard Henry Lévy demande dans son
bloc-notes de l’hebdomadaire Le Point la libération immédiate
de l’écrivain Battisti.
Francis Zamponi, écrivain, écrit
un billet d’humeur dans la gazette dans lequel il se demande si
un nouvel ordre moral européen ne se met pas en place actuellement
pour rejeter dans le « Camp du Mal » tous les mouvements
contestataires des années soixante-soixante dix.
Des conférences de presse se tiendront
fin de semaine et début de semaine prochaine à Lyon,
Besançon, Cognac…
Des projections du documentaire de P.-A. Sauvageot
« Cesare Battisti Résistances ». Celle de Granville
se fera le samedi 21 à 15 heures à la Médiathèque.
Celle de Paris aura lieu le 25 février à 20heures
à La Clef dans le 4e arrondissement.
Le fanzine « La vache qui lit » de
Limoges rentre en campagne.
L’association « Horizons Noirs »
qui organise le salon du polar d’Orléans a écrit
au Garde des Sceaux.
L’audience de la 1ére Chambre
d’Instruction de Paris se réunira mercredi 3 mars à
14heures pour étudier la demande de remise en liberté
de Cesare Battisti déposée par ses avocats.
A suivre !
Bernard Bec
18/02/2004
Mobilisation importante
pour Cesare Battisti.
De gauche comme de droite,
les « politiques » réagissent et interviennent
:
Renaud Muselier, le Secrétaire d’État aux Affaires
Étrangères, a adressé, lundi 16 février,
un courrier au Premier Ministre, dans lequel il se disait favorable
à la libération de l’auteur.
Le Député-Maire
de Grenoble, Michel Destot, Secrétaire de la Commission
des Affaires Étrangères de l’Assemblée Nationale,
a assuré de son soutien l’action qui consiste à
réclamer le respect de la parole de la France donnée
par le Président Mitterrand.
Loïc Cauret, le maire
de Lamballe (Côtes d’Armor) a envoyé, le 17 février,
un courrier au Garde des Sceaux et au Premier Ministre, dans lequel
il condamnait l’emprisonnement de Battisti.
Le 18, tous les Élus
Communistes de Paris se sont associés à l’appel
pour la libération de l’auteur.
Julien Dray, Yves Cochet,
Dominique Voynet, entre autres, ont également signé
la pétition.
La Ville de Frontignan,
par son maire, a fait, Cesare Battisti, Citoyen d’Honneur.
Même action pour
les artistes :
Le comédien Richard
Berry, invité de « Tam Tam » sur France Inter
le 16, a déclaré soutenir les actions menées
en faveur de Cesare Battisti et avoir signé la pétition
en faveur de la libération immédiate du romancier.
Le réalisateur Yves
Boisset soutient depuis le début les actions menées.
A ce jour, ce sont déjà
plus de 8000 personnes qui ont signé la pétition
pour la libération de Barttisti (www.mauvaisgenres.com).
Pour écrire directement
à Cesare Battisti, voici son adresse :
Cesare Battisti
N° d’écrou 282 069 X
1ère Division
Prison de la Santé
42, rue de la Santé
75014 PARIS
A suivre !
Bernard Bec
14/02/2004
Cesare Battisti,
à l’ombre des murs de la prison de La Santé.
Arrêté à
son domicile parisien, le mardi 10 février 2004, l’écrivain
Cesare Battisti est désormais écroué à
la prison de la Santé en vue d’une possible extradition
vers l’Italie.
Membre d’un mouvement d’extrême gauche dans les années
mille neuf cent soixante dix, il se retrouve, en 1980, en prison
pour homicide. Cesare Battisti s’évade en 1981 de sa geôle
italienne et disparaît. Absent, il est jugé et condamné
à la prison à perpétuité par contumace.
Il réapparaît en France en 1990. Réfugié,
comme d’autres militants italiens, il obtient du Président
François Mitterrand, l’assurance de pouvoir résider
en France à la condition de ne plus avoir d’activité
politique. Cesare Battisti devient le romancier « noir »
que l’on connaît.
Depuis son arrestation, des personnes se mobilisent. Des réunions
ont lieu. Des pétitions circulent pour sa libération
(http://www.mauvaisgenres.com).
Une réunion-conférence de presse se tiendra à
17 heures, lundi 16 février 2004, devant la prison de la
Santé.
Le Syndicat des Avocats de France organise une conférence
de presse, le jeudi 19 février 2004, à Paris, au
siège de la Ligue des Droits de l’Homme…
A suivre !
Bernard Bec