Festival du
Film Policier de Cognac
PANIC
ROOM
De DAVID FINCHER
ETATS UNIS
Critique de Danielle THIERY
AVEC Jodie FOSTER, Kristen STEWART, Forest
WHITAKER, Jared LETO, Dwight YOAKAM.
Meg ALTMAN (Jodie Foster) vient de se séparer de son mari, un
riche industriel de la pharmacie. En cherchant une maison pour elle
et sa fille Sarah, (dix ans) elle tombe sur une impressionnante demeure
(450 m2 en plein Manhatan, juste ce qu’il faut pour deux, n’est-ce pas…)
ancienne propriété d’un vieil homme richissime et décédé.
Petit détail : le vieux bonhomme avait fait construire une chambre
de survie avec en prime un coffre-fort et une batterie d’écrans
qui permettent de voir tout ce qui se passe dans la maison. Meg Altman
ne va pas bien, elle s’installe avec sa fille et sa bouteille de vin
pour une première nuit dont on devine qu’elle va être terrible.
Un des héritiers du vieux a eu vent de l’existence du coffre
fort et de son contenu (quelques millions de $) et s’est mis en tête
de s’en emparer. Pour cela, il s’est acquis l’aide du technicien qui
a installé et la chambre de survie et le coffre. C’est malin,
très malin. Ces deux acteurs débarquent ne pleine nuit,
persuadés que la maison est vide. Premier couac, l’héritier
s’est fait escorter d’un voyou cagoulé et arme dont on devine
tout de suite quel rôle il va jouer.
Dès qu’elle s’aperçoit de la présence du trio dans
la maison, Meg Altman se réfugie avec sa fille dans la Panic
Room…
Décor planté, sobre et économique : la maison
Costumes : pas de problème, les filles sont en tenue de nuit,
d’un bout à l’autre.
On avoue un début de panique au début quand on s’aperçoit
que le film dure deux heures et qu’il va se passer intégralement
dans un huis clos oppressant. Pas de couleurs, c’est la nuit, pas de
bruit autour, les voisins dorment et pour compléter le tableau,
il pleut des cordes.
Quand le bon, la brute et l’héritier indélicat commencent
à se chipoter, on craint le pire.
Mais finalement, ça marche, les ressorts du genre fonctionnent
bien. Le scénario, à quelques facilités près
nécessaires à tenir la durée et le suspense, fonctionne
bien et David Fincher ( Seven, The Game entre autres…) filme magnifiquement
bien.
C’est un film efficace à partir d’une histoire assez faible écrite
de façon conventionnelle. Pour notre bonheur Jodie Foster, un
peu à l’étroit dans un rôle plutôt confiné,
s’en sort bien et sa fille (Sarah,dans le film) est formidable. Forest
Whitaker est excellent. Les autres pas mal. Mais on sent qu’ils ont
du mal à donner le maximum.
Un bon film, sans plus.
NARC
Critique de Danielle THIERY
Film de Joe Carnahan
Etats Unis
Avec Jason Patric (Nick Tellis),Ray Liotta ( Henry Oak), etc…
Le thème
Dix huit mois après une course-poursuite tragique qui a coûté
la vie à un nouveau-né, l’officier Nick Tellis touche
le fond. Il est en rupture de ban de la police, il survit à peine
grâce à quelques modestes allocations, et sa femme, qui
vient de lui donner un enfant, ne souhaite plus qu’il travaille pour
la police.
Mais il se trouve qu’un officier,infiltré dans le milieu du trafic
de drogue est tué dans des circonstances troubles. On demande
à Tellis de reprendre l’enquête, eu égard au fait
qu’il connaît la rue et le milieu pour avoir travaillé
«undercover».
Pour cette enquête, Nick Tellis devra - à sa demande expresse
- faire équipe avec Henry Oak, l’ancien équipier et ami
de l’officier tué.
C’est le énième
film écrit sur le thème des agents américains infiltrés
dans les réseaux de trafiquants de drogue. Que ce soit dans la
drogue ou tout autres chose, les agents « undercover » n’échappent
pas à la règle de la contagion. Du fric, de la came, de
la vie facile, des paradis artificiels… Le syndrome de Stockholm, -
une de ses formes en tout cas - , la perte de repères, la chute
lente et inexorable… Plus la mise en danger et les dégâts
sur la vie personnelle. Tout cela est archi connu et, surtout, archivu.
On n’apprend pas vraiment grand chose sur ce monde souterrain dont on
connaît par avance la violence, la lâcheté et le
côté minable de ses intervenants.
On a certes ici un ressort supplémentaire avec une sous-intrigue
d’ordre privé qui concerne les liens de l’officier mort et de
son coéquipier. Mais là, pardon, on le sent venir depuis
le début. On a tout de suite en tête que ce Oak ne dit
pas tout. Pourtant, la chute ressemble à un pétard mouillé
car ce qui aurait pu être un élément romanesque
formidable n’est traité que comme une anecdote.
Violence, sons démesurés, cris, hurlements, insultes (fuck,
fuck, fuck…) pour un film tourné caméra à l’épaule
, c’est beaucoup. Ca fatigue. Vraiment. Beaucoup.
FUDOH
Critique de Danielle Thiéry
Film de Takashi Miike
Japon
Avec Shosuke Tanihara
(Riki Fudoh) Kenji Takano, Marie Jinno, Tamaki Kenmochi, Miho Nomoto
Le thème :
Un yakusa, père de deux garçons, échoue lors d’une
mission et doit payer un tribut afin de prouver sa loyauté envers
les autres familles de Yakusa. Pour cela il doit tuer son fils aîné.
Dix ans plus tard, le jeune frère, devenu l’élève
le plus brillant et le plus populaire de son lycée, rassemble
ses amis et décide de prendre sa revanche sur son père
et tous les autres chefs Yakusa afin d’arrêter la pratique de
coutumes ancestrales barbares, notamment celle qui consiste à
tuer un membre de sa famille.
Ce faisant, le fils prodige devient pire encore que ce qu’il condamne.
Il finit par tuer tout le monde lui aussi et on comprend bien à
la fin que le cercle de la mort n’en finira jamais de se refermer sur
les pauvres humains, Yakusa ou pas.
Qui a dit que un bon film, c’est une bonne histoire, une bonne histoire
et une bonne histoire ?
Fufoh, de ce point de vue là, c’est pas terrible.Le pitch est
alléchant mais on a du mal à suivre une histoire découpée
en fines tranches sans un vrai fil conducteur. Mais c’est sans doute
un parti pris que de casser le rythme, l’objectif visé étant
de nous montrer les mille et une manières d’occire son prochain
avec ou sans sophistication. Peu importe. On peut aimer le genre et
trouver quelque intérêt à se vautrer dans la cervelle
et l’hémoglobine déversée au tonneau toutes les
trente secondes. On peut encenser Takashi Miike qui fait de belles images
et des effets très spéciaux fort réussis. Mais
sa boulimie créative et le nombre de films du même genre
qu’il réalise ne sont-ils pas le reflet d’un trop plein de fantasmes
à évacuer d’urgence ? On peut trouver quelque intérêt
esthétique à ces scènes d’horreur, on peut essayer
de croire que ce type de film sert à autre chose qu’à
ajouter un film de plus à une série déjà
longue mais, franchement, moi, quand je vois des mômes de cinq
ans défourailler de grosses pétoires sans lâcher
leur doudou, je ne marche pas.
Malgré l’humour. Au quarante troisième degré, mais
de l’humour.
Malgré l’humour, plusieurs rangs se sont vidés dans la
salle entre le premier et le deuxième quart d’heure de projection.
On se demande pourquoi.
ACCORDS ET A CRIS
Critique de Danielle Thiéry
Téléfilm de Benoît d’Aubert
Avec Astrid Veillon, Christian Vadim, Grégory
Fitoussi, Gilles Dao
Le thème :
Anne Versois est médecin psychiatre. A ce titre, elle côtoie,
dans le monde de la folie ordinaire, tout et le reste. Elle est habituée
au pire mais quand le pire s’attaque à elle, elle commence à
paniquer. Deux membres du quintet au sein duquel elle joue de violoncelle
sont assassinés dans des circonstances qui laissent à
penser que c’est à elle qu’on s’en prend dans une étrange
partie de billard à trois bandes. Qui ? Un de ses patients qui
en veut à sa vie ? Et pourquoi ? Son ex-amant qu’elle a perdu
de vue après qu’il a été incarcéré
pour des activités interdites au sein d’un mouvement indépendantiste
et qui vient précisément de sortir de prison ?
C’est un bon téléfilm
qui raconte l’histoire classique de la manipulation, de la prise de
pouvoir d’un esprit (ou de plusieurs) par un autre. Une relation de
maître à esclaves. Avec des transferts et des meurtres
par procuration, autant de complications qui nous perdent un peu en
route. On ne peut s’empêcher de penser , fugacement, au Silence
des Agneaux. Sans Antony Hopkins et sans Jodie Foster…
En cours de route, on tombe sur une fausse piste : celle de l’ex petit
ami, interprété par Christian Vadim, condamné pour
avoir milité avec les autonomistes basques et qui a exécuté
sa peine auprès du dingue qui manipule tout le monde depuis la
prison. Ouf… On n’y croit pas une minute, hélas et Vadim non
plus d’ailleurs qui n’arrive pas à être convaincant dans
ce rôle.
Les flics aussi sont moyens. Bon, d’accord, il faut laisser la place
à l’héroïne mais par moment, on se demande… Pourquoi
par exemple, alors qu’elle est en grand danger dans une maison à
trente kilomètres de Paris, ils foncent avec leur petite voiture
et leur gyrophare au lieu d’envoyer les collègues du coin qui
seraient peut-être plus vite arrivés ? Bon, on sait que
l’héroïne ne peut pas mourir, mais quand même, ça
agace…
Il y a tous ces petits « irritants » mais le film reste
un film haletant, bien ficelé, plutôt bien filmé.
Et Astrid Veillon est magnifique.
THE ESCAPIT
Critique de Danielle THIERY
Film de Gillies MAC KINNON, Royaume Uni
Avec Jonny Lee Miller (Denis Hopkins), Andy Serkis (Ricky Barnes),
Gary Lewis (Ron), Jodhi May (Christine), Paloma Baeza (Valérie)….
Denis Hopkins est
pilote d’avion. Il n’hésite pas à prendre des risques
lorsqu’il est aux commandes de son petit appareil, même sous les
yeux de sa femme Valérie, prête à accoucher. Une
nuit, alors qu’ils dorment dans leur belle maison du bord de mer, trois
hommes s’introduisent dans la maison. Le chef de la bande est Ricky
Barnes, un tueur en cavale. Barnes est fou, au cours de cette nuit,
il disjoncte pour de bon et tire sur Valérie. La jeune femme
meurt, le bébé est sauvé. Au lieu de se suicider
(ce qu’on aurait compris vu que Denis refuse de s’occuper de sa petite
fille et la confie à Christine, la soeur de sa femme), il s’enferme
dans une douleur sans fond. Tout échoue : les entretiens avec
les psy, les marques d’affection de sa belle-sœur, la petite Amy, qu’il
ne regarde pas d’ailleurs. Il n’y a qu’une solution qui lui permettrait
de faire son deuil et d’éventuellement survivre : retrouver Barnes
et le tuer. Mais Barnes est en taule, dans le pénitencier insulaire
le plus protégé qui soit. Qu’à cela ne tienne.
Après avoir organisé sa disparition, il fait en sorte
de se retrouver en prison. Progressivement, il gravit les échelons
de la délinquance. De taule en taule, il échoue dans la
fameuse prison inviolable où il est attendu par Barnes, bien
sûr… Pas pour ce que l’on croit, mais c’est une autre histoire….
Après un début qui laisse à désirer (reconnaissons
qu’il est difficile d’entrer dans l’action tout en expliquant l’histoire
qui fait que le héros en est arrivé là où
il en est), donc après un quart d’heure quelque peu laborieux,
très vite on est pris par le récit. La montée en
puissance du suspense est bien rythmée ainsi que la construction
de l’intrigue qui nous amène dans ce pénitencier hors
du temps. La rencontre entre les deux personnages retentit comme un
coup de grisou et la fin est une - bonne - surprise. On sait que l’un
des deux doit mourir mais tout est organisé pour qu’on ne sache
pas qui.
Le septième long métrage de Gillies Mac Kinnon, même
si l’on a un peu de mal à comprendre son héros et ses
choix, est un bon cru, un très bon cru.
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