R O M A N S
23/06/2003

L’ombre des tableaux
Olivier Cousin
Vieilles croûtes…

Liv’Poche
256p / 9 €

L’ombre des tableaux
Sérusier, dites-vous ? Non, Sérusier ne me rappelle rien !
Un peintre connu, oublié, puis redécouvert à la fin du XXe siècle, ce Sérusier. Un excellent peintre qui, semble-t-il entretenait une correspondance avec le grand-oncle d’Alun Morris, gallois bon teint. Celui-ci se découvre un oncle talentueux, mort dans l’anonymat le plus total. Où sont passées les toiles de son ancêtre, pourquoi a-t-il brutalement arrêté la peinture ? A toutes ces questions, le jeune étudiant en histoire va essayer de trouver des réponses. Réponses difficiles à retrouver, cent ans après, réponses qui vont l’emmener en Espagne et en France, à la poursuite de ce qui ne semble être qu’une chimère. Et pourtant…
Un roman de quête initiatique. Le héros est aussi à la recherche de lui-même et ces vacances chargées, à la poursuite d’un rêve, lui feront prendre conscience de sa propre destinée, qu’il lui faudra assumer vaille que vaille.

Bernard Reversat


Le goût des oiseaux
J. Wallis Martin
De drôles d’oiseaux !

Belfont
320 p / 19 €

Le goût des oiseaux
Manchester, ville d’Angleterre pourrie parmi les pourries. Régulièrement des enfants disparaissent. En général ils sont rapidement retrouvés, sauf que… le petit Gary n’est pas rentré chez lui depuis deux jours, comme le petit Joseph, cinq ans auparavant.
Des soupçons, le commissaire Parker en a. Presque des certitudes ! Il écume le milieu pédophile depuis des années et a épinglé quelques spécimens curieux : un vendeur de vidéos, un marchand d’oiseaux, un autre amateur d’oiseaux qui élève, dans une volière délabrée, des centaines d’oiseaux exotiques, fascinants pour les enfants du quartier.
La découverte des restes de Joseph, relance l’affaire, d’autant plus fort que Parker est inquiet pour Brogan, un enfant de la cité, menacé de finir comme les autres.
Un suspense épouvantable sur un sujet brûlant d’actualité. On est confondu de voir avec quelle facilité opèrent les pédophiles et à quel point la société est impuissante à endiguer la montée de tels débordements. A faire lire à tous les sceptiques !

Bernard Reversat


Jardins virtuels
Sylvie Denis
La main verte…

Folio Sf n° 126
542 p / 7 €

Jardins virtuels
Futur proche que le recueil de nouvelles de Sylvie Denis. Disons dans les cent prochaines années. Une technologie galopante et insidieuse, une exacerbation des différences, un monde glaçant et glacial. Des multinationales déshumanisées contre des sectes insidieuses. Entre les deux, un état (providence ?) qui essaie de gérer au plus mal les masses d’assistés, de rejetés, d’inadaptés. Quel que soit l’endroit où l’on se trouve, c’est un piège invivable.
Là est le paradoxe de ces nouvelles. Car de temps en temps, dans cette grisaille, se glisse une lueur d’espoir. L’individualité est dure à tuer. Le pire endoctrinement crée, malgré tout, ses rebelles. Comme ils sont peu nombreux et impuissants, ils surfent sur la vague, utilisent au mieux les faibles moyens qui s’offrent à eux et… sont heureux.
Des jardins apparentés à ceux du comte Zaroff. On sait qui a triomphé. On souhaite qu’il en soit de même dans le futur hyper réaliste de Sylvie Denis.

Bernard Reversat


Adieu à la chair
Gemma O’Connor
Cadavres et vieilles cornettes…

Editions du Masque
396 p / 20 €

Adieu à la chair
Pourquoi ai-je lu cette sombre histoire comme une galéjade improbable ? Il n’y a pourtant rien de drôle dans cette histoire, à première vue très simple, de couvent vendant ses terres pour réparer les toits bien chahutés par le climat irlandais. Est-ce parce que la vie de ces nonnes cloîtrées, semble bien obsolète au vingtième siècle ? Où bien parce qu’il y a un cercueil de trop dans le cimetière ? Où encore à cause de la bibliothèque de la Sainte Retraite, cause de tous les maux ? Et si, tout compte fait, c’était à cause de l’héroïne ? Tess Callaway, avocate mal dans sa peau, jeune mère d’un adorable bébé dont le père s’est tué en voiture et pénaliste chargée de retrouver la descendante de la fondatrice du couvent reste l’enquêteuse la plus improbable qui soit. Et pourtant…
Passé la première surprise, due au découpage du roman, on est pris par cette histoire diaboliquement montée pour surprendre totalement le lecteur qui n’en peut mais… Tant mieux pour tous les amateurs de suspense !

Bernard Reversat


Croisades
Jack Vance

Le Bélial
320p / 19 €

Croisades
Nouveau, pas tout à fait. On retrouve ¼ de Fiction, une moitié de Casterman, le reste étant inédit. Vu la rareté des anthologies de Casterman et l’antiquité du Fiction, autant dire que c’est tout nouveau, tout beau. Quatre variations sur l’éternel thème de Vance : l’homme seul et désarmé face à l’adversité. Les ennuis peuvent être multiples, galactiques ou planétaires, ils ne peuvent se résoudre que par une application froide et décidée de l’intelligence. C’est le triomphe de l’individualisme, thème que l’on retrouvera plus tard dans la geste des Princes-démons.
Non seulement le héros doit rétablir la situation, mais il doit le faire correctement (entendez par là, avec le moins de brutalité possible). Il se retrouve à la foi juge et parti, tranche, taille dans le vif pour finalement prendre des décisions concernant souvent des milliards d’êtres humains. Sans haine il va jusqu’au bout de ses certitudes pour s’effacer ensuite, pion anonyme parmi d’autres pions.
Une thématique proche de celle de Silverberg. Vance est le grand humaniste de la SF.

Bernard Reversat

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