R O M A N S
18/02/2005

Le train vert-de-gris
Jean-Louis Touchant

La vie du rail / Rail noir
109 p / 7 €

Le train vert-de-gris
Lyon, été 1944. René, 16 ans, prend le train seul pour la toute première fois. Direction Clermont-Ferrand. Il a comme bagage, un petit balluchon et un carton à dessin. En cette période qui sonne le glas pour l’envahisseur allemand avec le débarquement réussi des alliés sur les côtes normandes, la tension est encore plus présente. Les vert-de-gris suspicieux inspectent les voyageurs qui font la queue aux guichets dans la salle des pas perdus de Perrache. Ils sont partout. Aucun train ne peut partir sans leur ordre. Ils font peur. René et sa mère venue l’accompagner traversent la foule et se retrouvent sur le quai du départ. Installé par cette dernière dans un compartiment où se trouve déjà un prêtre, l’adolescent, avec la venue d’autres voyageurs, va s’immerger dans la France d’alors. Dans ce compartiment René, qui parle trop, normal pour un futur comédien, apprendra à se taire. Parmi les voyageurs il y a un collabo, des résistants, un juif en fuite, une femme catholique, dont le mari militaire est prisonnier, sa fille, et l’homme d’église. Le train s’arrêtera souvent. Les Allemands prendront et exécuteront des otages suite à une action des maquisards. Côté fleur bleue le jeune René sera troublé par sa voisine Solange. Celle-ci, lors d’un arrêt forcé, lui demandera de l’embrasser. Juste commencée, l’idylle en restera là. L’esprit de l’adolescent se tournera ensuite vers une jeune femme, Andrée, accompagné d’un homme, monsieur Paul, et se posera à leur sujet un tas de questions. Sont-ils fiancés, mariés ? Pourquoi Paul n’a-t-il rien fait pour éviter l’exécution du curé pris en otage ? Font-ils vraiment partie de la résistance ? Etc. Etc. La suite du voyage lui apportera des réponses. Au lecteur aussi.
Jean-Louis Touchant a écrit un roman noir dont les personnages, de l’infecte Chaboud à monsieur Paul, l’homme de Londres, de ce brave curé à ce clerc de notaire qui écrit des romans policiers façon Christie et Doyle, sont d’un réalisme fort. De plus, malgré le sujet grave, ce livre se lit d’une traite. Un peu comme un roman d’aventures.

Bernard Bec


La discipline du diable
Francis Rick


Editions L’Archipel
185 p / 14,95 €

La discipline du diable
Un train de nuit et des prisonniers. Ces derniers, dont Jean, Serge et d’autres vont êtres transférés par voie ferroviaire dans une nouvelle prison. Jean a trente ans et purge une longue peine. Jamais il n’a balancé ses coéquipiers. Sa femme, Raymonde, va le faire évader lors de ce transfert. Tout est prêt. Comment ? Par qui ? Avec quel fric ? Ces questions, Jean se les pose mais confiant en sa femme il ne se soucie pas de trouver des réponses.
Face à lui, il y a Serge de l’atelier de la blanchisserie, c’est un pédé. Tony, l’homme avec qui il était depuis trois ans, a tenté de se suicider en s’ouvrant les veines avant son départ.
Durant le trajet, avant qu’arrive le signal de l’évasion programmée de Jean, les deux détenus vont sympathiser. Voire plus. Serge va draguer Jean qui ne saura plus ou il en est. Dans son esprit, il y a toujours Raymonde mais le doute s’installe. Va-t-il s’évader ou rester ?
Dans le compartiment, cela commence à chauffer entre les autres détenus et Serge. Jean fait de son mieux pour que tout rentre dans l’ordre. Les matons de convoyage ne sont pas loin. Une bagarre, et son évasion serait remise en question.
Le train ralentit en pleine campagne à l’heure dite. Jean s’évade et après un périple retrouve Raymonde sa femme. Un monde semble les séparer. Lui qui pensait retrouver sa chaleur, il n’y a de sa part que distance. Elle lui parle d’une nouvelle vie qu’il pourra avoir en Australie et ensuite au Canada, mais sans elle. Elle le quitte pour toujours. Tout s’écroule autour de Jean. Le départ via la Suisse est prévu pour le lendemain. Que va-t-il faire ? Partir ou retourner en prison ?
Francis Rick, un habitué de la Série Noire », nous propose un roman noir et psychologique d’un réalisme juste.

Bernard Bec


Loin des humains
Pascal Dessaint


Editions Rivages / Thriller
226 p / 16 €

Loin des humains
Jacques Lafleur est retrouvé assassiné d’un coup de sécateur dans le jardin de sa sœur. Tout ça à cause des ronces qu’il avait enfin décidé de couper.
L’éternel vagabond, marginal sur les bords, s’était arrêté, fixé chez Jeanne depuis l’explosion de l’usine d’AZF. Avant ce dernier havre de paix, il était hébergé chez son frère Pierre, un spécialiste des reptiles qui s’absentait souvent de chez lui pour les regarder vivre dans leur milieu naturel. Ce dernier est marié avec Valérie et a un fils, Quentin, passionné lui aussi par les serpents.
L’enquête menée par Magali Lopez et surtout par le capitaine Félix Dutrey permettra lentement d’avancer dans cet imbroglio. Pourquoi pas la sœur, le frère ou la femme du frère ? Avant de trouver la bonne réponse ils n’éviteront pas d’autres meurtres. Il y aura télescopage.
Rémi, lui qui a retrouvé dans la déchetterie où il travaille les carnets secrets de Jacques Lafleur, s’est-il immiscé dans cette histoire ?
Comme à son habitude, Pascal Dessaint, décrit des personnages aux traits ciselés. Ils ont tous plus ou moins des fêlures, ce qui les rend suspects, mais aussi attachants ou carrément repoussants.

Bernard Bec


Le dernier testament
Philip Le Roy


Editions Au diable vauvert
693 p / 23 €

Le dernier testament
Nathan Love, un spécialiste du profiling qui vit reclus depuis l’assassinat horrible dont a été victime sa femme, est rappelé pour reprendre du service par les dirigeants du FBI. Des meurtres ont été commis à Fairbanks, en Alaska, dans un laboratoire de recherche participant au projet Lazare. Ont été visés les scientifiques mais aussi un agent du FBI et un cobaye.
Nathan aura comme partenaire pour cette enquête, Kate Nootak, une belle esquimaude et agent local du FBI. Ensemble, ils s’apercevront vite que leur hiérarchie veut les conduire dans des culs de sac. Les informations données s’avèreront truquées et les personnalités en place, membres d’une certaine organisation, feront tout jusqu’à faire commettre le pire pour qu’ils échouent.
Ce thriller haletant ballade le lecteur d’Alaska en France, de Californie aux Philippines et au Vatican, du zen aux arts martiaux, des Raëliens à la mafia russe, du début de l’ère chrétienne à nos jours, le tout en près de sept cents pages. A consommer sans modération de la première à la dernière ligne.

Bernard Bec


La quatrième plaie
Patrick Bard

Editions Fleuve Noir
240 p / 16 €

La quatrième plaie
Un médecin de l’organisation non gouvernementale française Guérir Sans Frontière, Diégo Ponce, a disparu lors d’une mission en Ouganda. Celle-ci consistait à rendre compte des résultats du programme de GSF de réduction de la transmission du virus HIV de la mère à l’enfant.
Un des toubibs itinérants de l’ONG, Abraham Van Tang, est envoyé sur place pour mener l’enquête. Arrivé à Kampala, il décide de faire le même parcours que son confrère, de mettre ses pas dans les siens, d’interroger toutes les personnes qu’il a rencontrées et ainsi glaner des renseignements. Il rejoint en fin de parcours, à Arua, une des missions de GSF où là il découvre à travers des témoignages un Diégo Ponce totalement différent, voire dépressif. Sans l’avoir retrouvé et sans savoir ce qu’il est devenu, Abraham Van Tang doit repartir en France lorsqu’une terrible nouvelle arrive. La responsable de GSF en Ouganda lui demande d’aller à Bundibugyo, à la frontière avec la République Démocratique du Congo. A la première enquête, s’en ajoute une seconde. Un camion transportant l’ultime stock d’un médicament contre la maladie du sommeil a disparu. Abraham Van Tang le sait ; le retrouver est vital pour des dizaines de milliers de personnes atteintes, car le laboratoire pharmaceutique français qui commercialise ce médicament a décidé d’en arrêter la fabrication. De son côté, à Paris, les responsables de GSF essaient par tous les moyens de faire fléchir les dirigeants du laboratoire. En France comme en Ouganda, une véritable course contre la montre s’engage alors.
Ce roman, écrit comme un réquisitoire contre l’inimaginable, laisse au lecteur un goût amer.

Bernard Bec

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