R O M A N S
20/08/2007

L'immortel
Franz-Olivier Giesbert

Flammarion / noir
314 p / 19,90€

L'immortel
J'avoue ne pas avoir compté le nombre des morts qui jalonnent ce livre, mais ce qui est sûr, c'est que ça trucide à tout va. Qui est révolvérisé dans une gondole, qui est donné à manger vivant mais éventré à une meute de chiens, j'en passe et des moins bonnes.
L'immortel, lui, il a pris vingt deux balles dans le buffet, de tous calibres, si ça ne s'appelle pas se faire transformer en passoire, j'y perds mon latin. Les urgentistes de la Timone eux, ils ont eu du boulot. Faire revivre cet amas de chair, de sang et d'os explosés a dû leur poser quelques problèmes mais ils y sont arrivés.
A son réveil, la seule chose à laquelle pense Charly Garlaban, c'est se venger de cette tentative d'assassinat en dessoudant tous ceux qui ont osé. Tous les participants à ce guet-apens, ou presque, sont tués à leur tour sans que l'immortel y soit pour quelque chose, ce qui l'horripile, avouez qu'il y a de quoi !
Dans ce bouquin tout se mélange, la mafia marseillaise, les politiciens et la police véreuse. A tel point que le lecteur imagine bien que la plupart des politiques sont mafieux, que beaucoup de mafiosi sont aussi dans la politique et que la police obéit aux uns comme aux autres. Même l'auteur au début de son récit essaie de nous mélanger les pinceaux en nous avertissant qu'il a écrit du faux à partir du vrai et « lycée de Versailles » comme dirait Bérurier.

J'avoue avoir pris un très grand plaisir à lire ce livre, je dirai même que je l'ai dévoré. Je connaissais les talents de Franz-Olivier Giesbert dans le journalisme ou l'écriture d'essais mais pas dans le polar.

Patrice Farnier


Modus operandi
Marin Ledun

Au Diable Vauvert
354 p / 20€

Modus operandi
Toute l'intrigue de ce bouquin se déroule dans un quartier de Grenoble. Cela a dû être beau Grenoble, mais après les délocalisations, les restructurations et la « karchérisation » des squats nés dans les friches industrielles, c'est sûrement beaucoup moins attirant.
Après l'enlèvement (ou la fugue) de trois ados à la sortie de leur collège, une enquête est ouverte et confiée à l'inspecteur Eric Darrieux. Le problème est que ce policier est complètement alcoolo. Il attaque au whisky dès potron-minet et il n'est pas rare qu'à huit heures du matin, il soit déjà totalement bourré.
Malgré les céphalées dues à son taux d'alcoolémie toujours largement au-dessus des limites autorisées, il n'a pas l'intention d'arrêter de boire. Tous les matins, il se réveille avec l'impression d'héberger les tambours du Bronx entre ses deux oreilles. Il lui arrive même de saturer du disque dur, c'est à dire qu'il pète les plombs.
En se biturant et en se les gelant (nous sommes au mois de janvier et en Isère), le flic va enquêter et s'intéresser plus particulièrement aux caves d'un immeuble dans lequel il a habité jeune. Ses supérieurs eux pensent plus à une fugue qu'à un enlèvement et le dessaisissent de l'affaire. Passant outre les interdictions, il continue en douce et en solo mais ses soûleries ne l'aide pas du tout et il faut bien dire qu'il s'emmêle les guiboles et se prend les pieds dans le tapis.
A partir de là, l'auteur mène son lecteur par le bout du nez exactement où il le veut. Celui-ci est loin d'imaginer ce qu'il va se passer et il va de soi qu'il est à mille lieux de se douter du dénouement.

Marin Ledun, c'est sûr, ne manque pas d'imagination et là, j'avoue que je n'ai rien vu venir. Une fin comme celle-ci est totalement imprévisible.

Patrice Farnier


La malédiction de Tévennec
Pascal Martin

Terres de France
316 p / 18,90€

La malédiction de Tévennec
1789. Un noble nantais esclavagiste, Hubert Morandais le Quéffélec décide de planquer ses lingots d'or afin que les révolutionnaires ne les lui volent pas avant de lui faire tester l'invention de Monsieur Guillotin. Il a l'idée de faire sombrer la « Marie Océane » remplie de plomb plaqué or au large des côtes bretonnes, pendant qu'il cache ailleurs sa véritable fortune.
De nos jours en Bretagne, Villepreux, un pêcheur, remonte dans ses filets un lingot d'or. A la fonte, il se révèlera que le lingot est du plomb doré pour donner le change. Dans le même temps, le conservateur de Port Louis écrit un livre sur l'histoire de la « Marie Océane » de sa construction jusqu'à sa fortune de mer. Cela va déclencher alors une chasse au trésor qui va laisser sur le carreau bon nombre de chercheurs. Beaucoup vont y laisser leur vie.

Le commissaire Le Meur, que Pascal Martin nous a déjà présenté dans « Le bonsaï de Brocéliande » Le commissaire Le Meur est celui qui, les pieds sur son bureau, taille des crayons pour s'aider à réfléchir. Le commissaire Le Meur, disais-je, entreprend une belle enquête riche en rebondissements et en énigmes de toutes sortes, mais sur un ton humoristique, pour nous faire avaler tout ça plus facilement. C'est un livre avec lequel on ne se prend pas la tête, tout y est parfaitement lisible et compréhensible.
L'auteur doit être un grand amateur de rugby car beaucoup des intervenants du livre portent des noms de rugbymen connus. Exemples : Villepreux, Rougerie etc… J'avais déjà remarqué cela à la lecture de ses autres bouquins.
J'allais oublier, Tévennec est un îlot surmonté d'un phare où les oiseaux crient « kersuit-kersuit » qui signifie « va-t-en » pour les bretonnants.

Patrice Farnier


Bleu catacombes
Gilda Piersanti

Le Passage
248 p / 17€

Bleu catacombes
L'été 2003 est si caniculaire, qu'à Rome, les endroits de la cité italienne les plus visités sont les catacombes. Des hordes de touristes y descendent, plus pour la fraîcheur qui y règne que pour leur intérêt archéologique, mais attention !
Au fond d'une galerie, une visiteuse égarée, découvre un sac de jute contenant une tête humaine. Elle appartient à un homme d'une soixantaine d'années, un artiste peintre et sculpteur, nommé Massimiliano Fegiz, grand amateur de jolies, voire de très jolies femmes. D'ailleurs, sa dernière conquête est tellement belle, qu'on dit que « quand elle traverse la place de l'église, même l'horloge s'arrête de fonctionner ».
Le 15 Août de cet été 2003, jour férié, la plupart des romains se rendent au bord de la mer du côté d'Ostie, à une trentaine de kilomètres de la capitale. Sur la plage, malgré la chaleur, une dame assez âgée se rend à sa cabine, et arrivée sur place, elle se met à hurler, les bras levés au ciel, avant de tomber dans les pommes. Elle vient de découvrir une tête dans un panier de plage décoré de marguerites jaunes. Cette tête appartient à Nemi d'Amico, une bigote à pulsions homosexuelles certainement réprimées.
A cause des congés, les seuls flics de libres pour mener l'enquête sont les deux canons de la brigade (mais non ! pas les canons de Navarone). L'inspecteur principal Mariella de Luca et sa subordonnée l'inspecteur Silvia de Santo. Après plusieurs allers et retours entre Rome, Venise, Murano et quelques décapitations plus tard, nos deux fliquettes vont dénouer l'intrigue et découvrir que ce qui est beau n'est pas obligatoirement bon.

Gilda Piersanti nous prouve ici que l'on peut décapiter à tout va et intéresser le lecteur. Je viens de découvrir l'auteur d'un polar gore à souhait. J'adore.

Patrice Farnier


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