R O M A N S
24/02/2011

Décembre blanc

Sylvie Rouch

 

Éditions Pascal Galodé

218 p / 17,90 €

Décembre blanc

Il neige sur la France et l'hexagone va bientôt se retrouver complètement paralysé. Avez-vous remarqué que chez nous, dès qu’il y a deux centimètres de cette fameuse poudre blanche, le pays entier est bloqué. Les routes, bien que ce soit inadmissible, pire encore, les trains et les avions. Mais comment font-ils en Islande, en Norvège, en Alaska ?

Revenons au livre, en ce mois de décembre rigoureux, deux motards planqués derrière leurs casques intégraux, vitriolent des jeunes femmes de confession musulmane, Anissa Mourad, Myriam Azoury et Tania Achaoui. Cette dernière est journaliste et distille des textes anti burqa ou niqab dans une revue nommée Bakélite. C’est du miel pour la presse parano-xénophobe, pour tous les chantres du tout sécuritaire et pour ceux qui veulent prendre des voix à l’extrême-droite aux prochaines présidentielles.

Le commandant Bedecker est chargé d’enquêter. Il soupçonne un groupuscule islamiste qui voudrait punir toutes ces jeunes femmes pour leur non respect du Coran. Comme le dit l’auteur, c’est plus facile que d’aller se faire sauter la tronche en Irak ou ailleurs. Serait-il sur la bonne piste ou se plante-t-il complètement ? Son enquête va, bien sûr, lui permettre de découvrir le fin fond de l’histoire.

 

Sylvie Rouch nous mène dans les méandres de ce « Décembre blanc ». Elle nous fait suivre les traces des vitrioleurs au son de la musique des sixties, Moody Blues, Joe Cocker, Bob Dylan, excusez du peu. Un très bon polar, bien écrit et qui se lit d’une seule traite tant il est accrocheur. Je ne vous dis pas bonne lecture, car il paraît que j’emploie trop souvent cette formule dans mes conclusions.

 

Patrice Farnier


Mort sur mesure

Frances Fyfield

 

Presses de la Cité

356 p / 20 €

Mort sur mesure

Comment Paul Bain, photographe, pouvait-il imaginer qu’en passant devant un luxueux hôtel et qu’en levant la tête au bon moment, il allait faire « la photo » qui allait lui permettre de payer ses dettes. En effet, la photo qu’il avait prise, montre une femme portant une jupe plissée bariolée en train de se jeter dans le vide du haut d’un balcon, les bras ouvert tel un oiseau qui s’envolerait.

Pourtant, tout semblait sourire à Marianne Shearer, une célèbre avocate des causes indéfendables. Sa dernière affaire, pour laquelle elle avait montré tout son talent, s’était terminée par l’acquittement de son client, Rick Boyd. Ce dernier était accusé d’enlèvement, de viol et de mutilations sur des jeunes femmes complexées et naïves. Malgré les charges contre lui, l’avocate avait réussie à faire retirer leurs plaintes à deux d’entre elles, quant à la troisième, prénommée Angel, elle s’était suicidée après le verdict.

Thomas Noble, avocat conseil, est l’exécuteur testamentaire de l’avocate décédée. Dans un message énigmatique qu’elle a laissé, elle lui conseille de s’adjoindre l’aide de Peter Field qui était l’assistant du procureur de la Couronne. Tous deux ne comprennent pas pourquoi Marianne Shearer était vêtue de façon aussi colorée à sa mort, alors qu’elle était plutôt du genre classique et souvent en noir. Le seul survivant de la famille est son frère Frank, un minable qui allait hériter sans se fatiguer de tout ce que sa sœur laissait.

Malgré son acquittement, Rick Boyd va insister lourdement auprès de Thomas Noble pour récupérer des papiers personnels, des confidences qu’il avait faîtes à l’avocate et que celle-ci aurait conservés.

Le hasard va se faire rencontrer dans un train, Peter Field et Henrietta, la sœur d’Angel, une des victimes de Boyd. Henrietta est spécialiste en vêtements anciens qu’elle répare ou transforme. Grâce à elle, Field va essayer de comprendre d’où venait cette jupe bariolée que portait l’avocate lorsqu’elle s’était défenestrée. De là à imaginer une double vie, il n’y a qu’un pas. Quel degré de désespoir l’avait conduite au suicide, laissait-elle des indices derrière elle ?

 

On sent que ce roman a été écrit par une ancienne juriste et cela lui confère une certaine authenticité. L’auteur explore avec talent la noirceur et la cruauté humaine de certains personnages. Un récit sans concession sur la justice.

Dany Neuman


Sex Shot
Michel Leydier

Éditions Pascal Galodé

250 p / 17,90 €

Sex Shot
Zinette, une petite prostituée, de surcroit Junkie (le mélange alcool-héro la met dans des états pas possible) donne dans le film pornographique. Malheureusement, elle tombe dans le snuff-movie, elle y joue le rôle de la maîtresse. Les filles sacrifiées sont des putes de bas étages et sont recrutées par un vieux beau qui leur fait miroiter un gain facile dans une petite production érotique.
François, le frère de Zinette, la reconnaît en visionnant un de ces fameux snuff dans un sex-shop et décide de la sortir de cet engrenage sexe-drogue et pas rock’n’roll. Il va devoir enquêter et trouver le producteur de ces spectacles absolument horribles. Sans le vouloir, il est aidé par certains souteneurs dont le cheptel diminue dangereusement, ainsi que, parallèlement, par la police.
L’auteur ne nous épargne rien en nous donnant tous les détails de tournage de ce genre de productions destinées à une bande de fêlés capables de payer plusieurs centaines d’euros rien que pour visionner ces abominations.
Je ne peux pas vous en dire plus, il faut lire le livre. Attention, s’il y a des lecteurs aux tendances nauséeuses, passez votre chemin, ce bouquin n’est pas pour vous. Pour ceux qui, comme moi aiment le gore, là, vous allez être servi. Il y a de l’hémoglobine au décalitre, je vous le dis.

Michel Leydier s’est lâché, il est passé maître dans l’horreur et l’innommable, ce bouquin est explosif.

Patrice Farnier


La rivière noire

Arnaldur indridason

 

Actes Sud

300 p/ 19 €

La rivière noire

Le corps d’un jeune homme âgé d’une trentaine d’années a été retrouvé gisant dans une mare de sang. Il a été égorgé dans l’appartement qu’il occupait dans le quartier de Thingholt. Il s’appelait Runolfur, employé d’une compagnie de téléphonie, il vivait depuis une dizaine d’années à Reykjavick. Lors des premières constatations, les enquêteurs retrouvent sur lui, ainsi que sur une table, du Rohypnol nommé plus communément drogue du viol. Sous le lit, ils découvrent un châle sentant la cigarette mais également une odeur d’épices. Elinborg, l’inspectrice, dont la passion est la cuisine, reconnaît tout de suite le parfum du tandoori, un mélange indien qu’elle apprécie particulièrement. Tout semble indiquer que l’homme a été tué par la jeune femme qu’il venait de violer. Cela va les mettre sur la piste d’une jeune fille qui ne se souvient de rien, sinon qu’elle s’est retrouvée dans cet appartement et qu’elle est persuadée d’être la coupable.

En l’absence d’Erlandur, parti en vacances sur les fjords de l’Est, sur les lieux de son enfance, Elinborg et son équipe vont être confrontées à cette nouvelle forme de violence. Celle subie par des femmes abusées par des individus qui ont trouvé dans la drogue du viol une alliée qui leur permet d’agir impunément, sans laisser de trace. Touchée au plus profond d’elle-même, Elinborg va mettre toute son intuition féminine et sa perspicacité au service de cette enquête particulièrement difficile.

Éclipsé dans ce nouveau roman, le personnage d’Erlandur s’est mis en retrait pour laisser le rôle principal à Elinborg, une femme prise entre un métier prenant et éprouvant et son statut de mère et de femme. Même si cela n’est pas évident pour elle, elle tente comme elle peut d’avoir un semblant de vie de famille, son exutoire étant la cuisine.

 

Ce nouveau récit d’Arnaldur Indridason est plus noir que jamais. Il dénonce les ravages occasionnés par les sévices faits à des femmes qui, toute leur vie, resteront des victimes dont les traumatismes sont irréversibles, et qui ne retrouveront jamais la paix.

Les inconditionnels de cet auteur ne seront pas déçus, bien au contraire, puisqu’ils apprendront à mieux connaître la personnalité d’Elinborg, personnage aussi complexe et attachant qu’Erlandur.

Dany Neuman

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