B A N D E S .. D E S S I N E E S
05/02/2007

Raj
(Tome 1)
Les disparus de la ville dorée

Didier Conrad (dessin)
Wilbur (scenario)

Dargaud
48 p / 13,00€

Raj (Tome 1) Les disparus de la ville dorée
Bombay 1832. Alexander Martin arrive de Londres pour prendre un poste d'agent à l'I.P.S., l'Indian Political Service. Il est accueilli par Sir William Laurence, le chef de ce service qui a été mis en place pour que la Compagnie des Indes de la couronne britannique ne soit pas confrontée à la concurrence d'autres puissances européennes. Sir William Laurence est d'un abord froid, british si vous préférez. Il conseille à Martin de ne pas perdre de temps à essayer de s'acclimater, l'air de ce pays est infect, les fièvres guettent le client et le choléra est monnaie courante. On fait mieux comme accueil chaleureux, mais suite au dernier conseil de son chef, Alexander Martin se présente au Yacht Club, cher à tous les agents de l'I.P.S. Il s'aperçoit vite que les autres membres ne font guère cas de sa personne, sauf Warren Longfellow, qui l'invite à participer le lendemain à un pique-nique organisé sur l'île d'Eléphanta…
Alexander Martin, abandonné par Longfellow, fait connaissance de David Baltimore, journaliste au Bombay Times. Sous couvert de rubrique mondaine, il a son entrée dans ce club et peut ainsi s'informer sur les dessous de la politique. C'est d'ailleurs ce Baltimore qui, de go, lui apprend sa mise en quarantaine décidé par Sir William Laurence. Maintenant Alexander Martin a toutes les cartes en mains et décide de suivre ses propres règles…
Lord Bullock, l'oncle de Longfellow, se retrouve lui aussi à ce pique-nique du lendemain. Si l'homme est un nabab, il voit très mal l'avenir de l'Empire britannique sur place si la politique d'exploitation des richesses et des hommes ne cesse pas. Alexander Martin, le nouvel agent de l'Indian Political Service, est semble-t-il du même avis que celui de Bullock, mais à cause de son ouverture d'esprit pourra-t-il mener à bien les missions qui lui seront confiées ? Le flegme dont il ne se départit jamais et la volonté qui ne le quitte pas pour parvenir à ses fins seront-ils suffisants ?

Cette nouvelle série de Conrad et Wilbur est intéressante pour deux raisons ; le dessin « ligne claire » du premier est là pour mettre en valeur un scénario du second dans lequel est épinglé le colonialisme britannique et sont déclinés par le héros de la série et d'autres personnages des idéaux de liberté. Même si par certains côtés graphiques Raj fait penser à Tintin, la moelle du texte l'éloigne du célèbre reporter du Petit Vingtième.

Ceb


Ric Hochet
(Tome 72)
Le trésor des Marolles

Tibet (dessin)
A.-P. Duchateau (scénario)

Le Lombard
48 p / 8,30€

Ric Hochet (Tome 72) Le trésor des Marolles
Tout a commencé le 20 avril au très célèbre marché aux puces bruxellois, place du jeu de balle, dans le quartier des Marolles. Ric Hochet, alors que deux étonnants personnages en costumes et melons noirs surgis d'une autre série viennent d'acheter un lot de cannes, est là avec son amie Nad pour chiner des livres historiques. Faux ! En fait, le célèbre journaliste a rendez-vous avec Lambert, un confrère venu lui parler d'un « flash mob » lancé sur Internet. Ce rassemblement loufoque doit avoir lieu ce soir sur les marches du Palais de Justice de Bruxelles. Lambert en s'esquivant laisse entendre à Ric et à Nad qu'il a aussi des infos sur un vol de bijoux commis dans ce même bâtiment en 1893.
Le soir venu, après avoir croisé le joaillier Vander se rendant aussi à cette manifestation, Ric et Nad sont sur les marches un pinceau et un pot de peinture à la main. Ce sont quelques dizaines de personnes ainsi rassemblées qui vont comme à l'habitude disparaître du lieu en quelques secondes. Après cette dispersion, seuls Ric et Nad restent sur les lieux et remarquent en haut des marches la présence d'un homme. Si ce dernier baigne dans une mare de sang, un souffle de vie lui permet encore de glisser quelques mots aux oreilles de Ric et de Nad. L'homme évoque un trésor des Marolles valant des millions or. Alors qu'ils écoutent les dernières paroles de l'homme à terre, un motard gravit à toute vitesse les marches et fonce sur eux…

Je sais, je sais, en voilà deux qui n'ont pas besoin du cercle pour vendre leur héros. Oui, mais moi ça m'fait plaisir de me plonger dans une aventure de ce bon vieux et toujours jeune journaliste-détective Ric Hochet. Même si de plus c'est sorti il y a six mois… je persiste et je signe. M'enfin !

Ceb


Rosangella

Eric Corbeyran (scénario)
Olivier Berlion (dessin)

Dargaud / Long courrier
84 p / 15,00€

Rosangella
En deux pages recto-verso aquarelle ocre et sépia et devancé par un aplat noir complet pour booster l'impact de ces premières cases, l'histoire de Rosangella commence. Là le lecteur comprend que tout n'a pas été et n'est toujours pas rose dans sa vie. Un mec la frappe, devant une fenêtre. Il y a lutte, Rosangella est défénestrée et tombe. Sa chute stoppée, elle est entourée de son sang.
Le temps a passé et quinze ans plus tard on retrouve Rosangella, qui semble-t-il s'en est sortie. Elle est devant les portes d'une prison, elle attend son fils aîné Manu, 22 ans, qui vient de purger une peine de six mois. De longs mois pendant lesquels Rosangella n'est jamais allée le voir. Elle ne pouvait comprendre et supporter viscéralement sa trahison et puis cela lui apprendrait peut-être à se conduire ensuite comme un type bien. Malgré les huit cents bornes qu'elle vient de se payer, c'est elle qui prend le volant pour le retour, Manu n'en veut pas…
Dans la vie de Rosangella, il y a eu et il y a encore Max, baiseur, frimeur et radin. Il vient de lui jouer «Le retour » de l'amant et du père, veut se faire pardonner et invoque une raison de taille. Alors qu'il a été absent pendant des années, il est venu fêter l'anniversaire de Lisa, sa fille. Difficile de rejeter le revenant, même si Bruno, le fils cadet, ne cache pas sa peur de voir sa mère et leur famille sous l'emprise de ce Max…
Dans la vie de Rosangella, depuis quelques temps, il y a Jo. Cet homme, qui sait l'écouter, est vigile de grande surface. Elle l'a rencontré alors que le manège pour enfants qu'elle tient était en place sur le parking du magasin où il est employé. Elle venait d'y faire quelques courses et avait oublié dans son caddy des babioles un brin dissimulées. Embobiné, Joseph Delteil en vient à disserter sur la vie avec Rosangella dans la galerie marchande. Sous son charme, l'homme oublie et se retrouve ensuite sur le parking avec elle. Le voilà qui l'aide à mettre en marche son manège. Promis, il reviendra l'aider à la fermeture. C'est réciproque pour elle, Rosangella se trouve comme domptée par Jo, ce géant au sourire figé. Une cicatrice lui barre la joue droite…

Ce One shot est un petit chef d'œuvre. Corbeyran aux mots et Berlion à l'aquarelle racontent une histoire de femmes et d'hommes à la manière d'un Lelouch au ciné. Tantôt au présent, tantôt au passé. Le tout avec le croisement inévitable et machiavel du destin.

Une indiscrétion : les deux auteurs seront présents à Cognac, les 20 et 21 octobre prochains pour le 12e Salon « POLAR & CO ». Qu'on se le dise !

Ceb

 
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