D E U X I E M E_ S E A N C E

 

Dark Blue de Ron Shelton
Un film noir et costaud, se déroulant en avril 1992 à Los Angeles, sur fond de rap. Il s'ouvre sur un fait divers survenu en 1991 : Le matraquage à mort du Noir Rodney King par quatre policiers blancs. Tout le film sera imprégné de cette affaire hyper médiatisée grâce à l'existence d'une vidéo amateur, et dont le procès est en cours. Les autorités craignent des émeutes. C'est dans ce contexte particulièrement brûlant que le SIS (Special Investigation Squad) est chargé d'éclaircir un cas de quadruple homicide. Quand on sait que le scénario est tiré d'un récit original de James Ellroy, on ne s'étonne pas de découvrir pléthore de flics pourris ne pratiquant pas la langue de bois et un Los Angeles aux relents de Sodome et Gomorrhe. Descente aux enfers et fin de civilisation ! L'enquête n'est plus que prétexte à une virée des plus sombres. Du noir de bougie. L'idée première est d'avoir choisi ce contexte de fin de procès. Sitôt le verdict prononcé par le jury de Blancs, l'acquittement, le quartier de South Central implose. Le flic ripou de service, Kurt Russell, déglingué magnifique, progresse à merveille au cœur de bavures comacs. Il est le « maillon fort » de ce polar aux impressions de déjà vu…

J'ai aimé. Tout court.


 
 

Taken de Pierre Morel
Un ex-agent des Services Secrets américains, divorcé, voit d'un mauvais œil le départ de sa fille Kim avec une copine pour Paris. Avec tout ce qui se passe !! Désapprobation qui se confirme lorsqu'il assiste en live à l'enlèvement de celle-ci, via son téléphone portable (l'idée du siècle). Désespéré mais fort heureusement rompu à l'action, Liam (comme Neeson) traverse illico l'Atlantique et espère en utilisant d'anciens réseaux, relations qui s'avèrent plus ou moins fiables car corrompues avec le temps. La piste d'un gang spécialisé dans la traite des femmes (ex-traite des blanches renvoyant au Cargaison Blanche des années 50) s'ouvre à l'horizon de sa détermination. Il n'aura de cesse que de retrouver sa progéniture. Le critère temps n'arrange rien : il ne dispose que de quatre-vingt-seize heures, selon la procédure de ce gang. La traque dans la capitale est tendue, mouvementée et jonchée de macchabées méchants. Ça nous vaut moult morceaux de bravoure et surtout quelques scènes mémorables, super glauques, telles que la soumission par la drogue et le sexe de jeunes femmes nouvellement enlevées ou la mise aux enchères, dans une ambiance pep show champagne, des recrues vierges destinées à animer la couche de poussahs lubriques. Le final en bateau sur la Seine est époustouflant.
Taken possède les ingrédients des Taxi pour l'action (co-scénariste Luc Besson) et de Frantic pour le suspense grisâtre parisien. Bien entendu le père parvient à éliminer la totalité des truands et à s'extirper des griffes de la police française et à ramener sa chère Kim chez sa mère aux USA.
La force du film est dans le choix de Liam Neeson (La liste de Schindler) pour incarner ce père à la fois tendre et à fleur de peau. D'entrée, lors de l'anniversaire de Kim, quand le cheval cadeau du beau-père friqué supplante son média cadeau, le spectateur fond devant son visage affligé… Crédible dans le sentiment comme dans la castagne, il nous fait adhérer au personnage. Faisant l'impasse sur l'auto-défense sous-jacente, on le suit dans sa quête obsessionnelle et légitime.

Un polar agité, sans prétention, mais combien attachant.


Rattrapage télégraphié :

7h58, ce samedi-là de Sidney Lumet  : Deux frères qui braquent la bijouterie de leurs parents !... Avec un Philip Seymour Hoffman exceptionnel.
American Gangster de Ridley Scott  : Le gentil Denzel Washington dans un rôle de méchant Parrain de la drogue à Harlem…
No Country For Old Men des Frères Cohen : Subliminal, tout aussi puissant que le livre de Cornac McCarthy, sorti au Points.
Les Promesses de l'Ombre de David Cronenberg  : Trop fort…

Que du Top.

 

 
 

Roland Sadaune

Entracte…


P R E M I E R E   S E A N C E