R O M A N S
17/10/2008

Comptine en plomb
Philippe Bouin

Editions l'Archipel
1324 p / 18,95€

Comptine en plomb
Nous sommes en mille neuf cent soixante-cinq. Début de l'affaire Ben Barka, Mitterrand et De Gaule s'affrontent, l'auteur précise « l'égaré de Vichy » contre « l'homme de Londres ». Certains diront que c'était l'époque du tout répressif, mais à bien réfléchir, est-ce que cela a changé ? Pas si sûr que ça !
Dans l'arrière cour d'un bistrot calaisien possédant son gallodrome, le possesseur d'un coq de combat se fait assassiner de plusieurs coups de couteau. On retrouve le coqueleux mort, un soldat de plomb dans la main. Puis c'est au tour d'une charcutière, dans son laboratoire, enduite de sang de porc et la tête explosée d'un coup de fusil. Une décharge de plomb numéro un à bout portant, ça ne pardonne pas. Elle aussi tient un soldat de plomb qui semble la charger baïonnette au canon, un poilu. Le criminel est peut-être un ancien de la première guerre mondiale, nostalgique des tranchées ?… Et les meurtres vont se succéder.
Comme les armes employées sont un couteau à découper le gigot en argent massif pour le propriétaire du coq et un Granger, une arme de luxe, pour la commerçante, le commissaire Gallois, chargé de l'enquête, va privilégier toute piste le menant à la bourgeoisie calaisienne…

Philippe Bouin entraîne le lecteur dans le Nord de la France dont il est originaire, se permet, ça et là, de saupoudrer son récit de quelques mots en ch'timi et de nous tenir en haleine jusqu'à l'épilogue. Le lecteur, à plusieurs moments, croit avoir découvert qui est l'assassin mais il se fourvoie, bien sûr. La comptine qui le berce est en réalité une petite musique ensorceleuse et trompeuse. Le suspense est bien au rendez-vous et l'écriture est ciselée, un roman qu'il faut lire absolument. Relire aussi.

NB : Philippe Bouin a reçu pour « Comptine en plomb » le Prix POLAR 2008.

Patrice Farnier


Pirates
Bernard Dufourg

Les Contrebandiers Editeurs
412 p/ 15€

Pirates
Deuxième guerre mondiale. Le groupe dirigé par le sergent Antonio Ruiz doit sécuriser un pont afin que les armées alliées puissent, sans encombre, atteindre la ville d'Arnhem aux Pays-Bas. Si les soldats réussissent à tenir ce putain de pont, la guerre est gagnée.
Dans les décombres de la baraque qui lui sert d'abri, le sous-officier Ruiz découvre un carnet recouvert de cuir rouge. Il n'est pas sûr de connaître la langue dans laquelle ces notes sont rédigées. La seule chose dont il est certain, c'est que ce sont des écrits anciens, voire très anciens. Ils le sont effectivement, puisqu'ils ont deux siècles et ont été couchés sur le papier par Jacobus Martens, un célèbre pirate hollandais du 18ème siècle, qui a écumé les Caraïbes, la mer de Chine et l'océan Indien et qui était associé à Peyo d'Harismendy et à Martin Goicoetchea (dit Goico), deux flibustiers basques. Ces écrits dévoileraient les cartes à énigmes et donneraient ainsi les caches dans lesquelles ces trois fameux corsaires auraient planqué les butins subtilisés aux galions espagnols et anglais.
L'affaire rebondit de nos jours, le caméraman Pierre Irigoyen va jouer au chercheur de trésors mais il n'est pas le seul. Presque toutes les mafias du monde sont aussi au parfum et ça va pas mal corser les choses.

Bernard Dufourg nous fait voyager, nous allons de Biarritz à la Nouvelle Orléans, à Bali, Djakarta, Sumatra, et il va nous balader entre les États-Unis, l'Indonésie et dans certaines îles du sud-est asiatique. AK 47, sagaie ou katana vont s'en donner à cœur joie. Cela m'a même fait penser à un film que j'ai vu, il y a une trentaine d'années, un truc redoutable, tourné avec Ruggero Deodato et nommé « Cannibale Holocaust ». Comme on dit, ça taille dans le vif du sujet, ça tombe de tous les côtés, à la Kalachnikov, à la grenade, ça décapite au coupe-gorge et au sabre, bref c'est sanglant.

Ce livre est très réussi, c'est un mélange de James Bond et d'Indiana Jones, sans oublier l'intrigue et le suspense qui sont dignes d'un bon polar. Bravo !

Patrice Farnier


Petits jeux avec le feu
Frances Fyfield

Presse de la Cité
282 p / 18,50€

Petits jeux avec le feu
Sarah Fortune est une poule de luxe, entretenue par ses amants réguliers, l'un d'eux lui a légué un nid cossu au cœur de Londres. Elle a une vie des plus agréables mais c'est sans compter les lettres de menaces que lui envoie un inconnu qui voudrait récupérer cet appartement.
Le hasard veut qu'elle fasse la connaissance de Henry Brett qui loge dans une maison située à Broomsbury, quartier dortoir de Londres. Au-dessus de lui, habite madame Hornby, une affreuse bonne femme qui lui fait vivre un véritable enfer en lui faisant subir toutes sortes de nuisances.
Sarah Fortune et Henry Brett s'échangent leur logement pour prendre du recul. Cela n'empêchera pas l'homme qui harcèle la jeune femme de la poursuivre, et il ira jusqu'à utiliser les services d'un pyromane pour parvenir à ses fins.

Frances Fyfield nous offre un polar très efficace et en même temps très poétique. On aime ses personnages tous très attachants, même les méchants arrivent à nous émouvoir. Toutes ces petites tranches de vie croustillantes nous font entrer de plain-pied dans ce thriller plein d'imprévus. Mais il ne faut pas se fier à la légèreté de l'écriture car la peur et l'angoisse nous guettent à chaque page. A lire sans modération.

Nanette du Pérat


Padana City
Massimo Carlotto & Marco Videtta

Editions Métailié
213 p / 18€

Padana City
La superbe Giovanna est fiancée à Francesco Visentin et travaille auprès du père de ce dernier, un célèbre avocat d'une petite ville du Nord-Est de l'Italie. A quelques jours de son mariage, elle est retrouvée noyée dans sa baignoire. Très vite la thèse du crime est retenue, et les enquêteurs découvrent qu'elle entretenait, depuis un certain temps, une relation avec un autre homme dont ils n'ont pas l'identité. Francesco n'arrive pas à le croire et il se lance à la poursuite de la vérité, avec l'aide d'un carabinier et de la meilleure amie de la Giovanna. Il va découvrir dans ses recherches, les agissements de riches industriels acoquinés à la Camora. Ces notables, proches de Francesco Visentin, polluent sans vergogne pour diminuer les coûts d'évacuations des déchets (voir Naples).
Giovanna en savait-elle trop ? Est-ce pour ces raisons qu'on l'a assassinée ?

Massimo Carlotto et Marco Videtta nous offrent un thriller remarquable par son suspense et ses rebondissements. Après la lecture de celui-ci, on se rend compte du travail de recherche impressionnant qu'ont fait les auteurs. Je peux vous garantir que vous ne décrocherez pas, tant que vous n'aurez pas été jusqu'à la dernière page. A lire absolument.

Nanette du Pérat

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