R O M A N S
08/03/2011

Rêves brisés

Francis Pornon

 

Pascal Galodé éditeurs

348 p / 19,90 €

Rêves brisés

Toulouse, la ville rose, celle de Claude Nougaro et de Carlos Gardel, mais aussi celle, et c’est moins poétique, de Latécoère fondateur de l’aéropostale et grand pourfendeur de syndicalistes, de Maurice Papon qui fut patron de Sud Aviation à la fin des années soixante et, cerise sur le gâteau, d’AZF (merci Total !).

Chez Airbus, comme chez Renault ou à France Télécom, les suicides se succèdent. Qui, noyé dans la Garonne, qui, immolé par le feu. Aymeric Mercader, détective privé, va être payé par une inconnue pour enquêter et, si possible, découvrir le pourquoi de tous ces suicides. Il est aidé en cela par son fidèle second, Joseph Fontbonne dit Jojo ou Sancho Pança (un peu le Béru de San Antonio, vous voyez ?). Ils vont suivre la piste de dirigeants prêts à tout pour accroître la rentabilité. Leur leitmotiv ? Faire gagner de l’argent aux actionnaires. Pour cela ils poussent certains employés à la dépression, à l’alcoolisme et même, pour certains, à la drogue puis à la mort en imposant des objectifs inatteignables. L’auteur nous parle de 68, quel beau rêve, pas un peu politiquement incorrect tout ça ? Il nous donne ses sources. Exemple, le journal « La Dépêche » du 12 août 2007, au sujet de la tentative de suicide par absorption d’antidépresseurs après une « demande d’explication de la hiérarchie ».

Nos limiers vont être confrontés à une sorte de mafia version cassoulet, à des chantres de l'ultra libéralisme et même à des nazillons portant haut Mein Kampf et la Svastika.

 

Francis Pornon ne fait pas dans la dentelle, il dénonce mais il le fait avec beaucoup d’humour. Certaines interventions du fidèle lieutenant Jojo sont « audiardesques » et c’est bon de rigoler un peu. Merci monsieur.

 

Patrice Farnier


Tu ne m’attraperas pas

Jennifer McMahon

 

Belfond

314 p / 18,50 €

Tu ne m’attraperas pas

Nous sommes à New Canaan, une petite ville du Vermont. En 1971, une adolescente est retrouvée morte, mutilée, on n’avait jamais pu retrouver le coupable.

Dans la même ville en 2002, lors d’une sortie entre copains, une jeune fille s’éloigne du groupe pour un besoin pressant, elle sera retrouvée morte, également mutilée.

De retour dans la ville de son enfance, Kate doit prendre une décision pour sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimeir. L’annonce de la mort de cette jeune fille va raviver en elle des souvenirs qu’elle voulait effacer à tout jamais. En effet, Del, la première victime était son amie, même si elle s’en défendait. Toutes deux marginales s’étaient attirées comme des aimants. A l’époque, Kate vivait avec sa mère dans une communauté hippie, ce qui fascinait Del. Cette dernière vivait dans une ferme avec son père et son frère. Pauvre et sale, elle était un repoussoir pour tous les élèves qui se moquaient d’elle en l’affublant du surnom de la Patate. Avec Del, Kate passera des moments inoubliables et découvrira un monde qui lui était étranger. Pourtant le désir de Kate de s’intégrer au groupe qui les rejetait va l’entraîner à trahir Del, son amie. Cette trahison la poursuivra toute sa vie. Voilà que trente ans après, la même tragédie se reproduit. Cette fois-ci, la jeune victime se prénomme Tori mais ce n’est peut-être pas elle que le meurtrier visait car Tori avait emprunté le blouson d’Opal, sa meilleure copine. Persuadée que les deux meurtres sont liés, Kate va tout faire pour retrouver le coupable et surtout protéger Opal qui ne cesse de lui parler de Del comme si quelque chose d’indéfinissable les reliait entre elles. Cette nouvelle mort violente va réveiller les fantômes du passé et Kate devra percer les secrets de ceux qui avaient vécu ce drame à l’époque. Sa lâcheté qu’elle ne s’est jamais pardonnée va la pousser à essayer de se racheter. A ses risques et périls elle va traquer le meurtrier et se montrer digne de l’amitié que lui portait Del, car au-delà de la mort, elle sent bien au fond d’elle-même que son amie est toujours là pour la protéger et la guider.

 

Un thriller qui se déroule dans une petite ville sous la neige. Tout le monde se connaît et les différences sociales se font sentir dès l’enfance. La cruauté des enfants envers ceux qui ne leur ressemblent pas est bien décrite ainsi que la faculté des laissés pour compte à s’évader de leur triste quotidien grâce à leur capacité à s’inventer un autre monde. Le surnaturel fait une petite incursion dans le récit, ce qui pourrait gêner les esprits trop cartésiens. Cela ne nuit nullement à celui-ci qui, en plus de nous réserver un véritable suspense, nous raconte une belle et touchante histoire d’amitié.

Dany Neuman


Les gens sont méchants
Ricardo Salvador

Kyklos Editions

252 p / 19 €

Les gens sont méchants
Hippolyte ? C’est pas un prénom ça, c’est une punition, surtout qu’à la naissance sa mère aurait préféré accoucher d’un Loulou de Poméranie. S’en suit une scolarité catastrophique. Malgré cela il trouve une gentille fille puis se marie.

Une douzaine d’années plus tard, la grosse vache qu’elle est devenue, commence à tout lui briser menu menu, surtout depuis qu’elle a pris un chien. Enfin un chien, un rat plutôt, vous savez ces petites bestioles dont on ne sait plus où est la tête ou le trou du cul, et hargneuse en plus ! Ce qui fait que naissent en lui des idées de meurtres contre elle et le clébard. D’ailleurs, il y inclurait bien sa belle-mère (une vipère) dans ses idées de meurtre.

Voilà, le décor est planté, mais quand je pense à Hippolyte, ça ne m’étonne qu’à moitié qu’il soit devenu méchant. Ça doit être difficile à porter comme prénom, surtout à l’école, connaissant la méchanceté des enfants entre eux, non ? Cela a dû se transformer en hypocrite, en hippopotame ou en condriaque (là je ne dis que la fin, le mot est trop long). C’est simple, il ne pense plus que morsures de serpents, poisons, tueurs en série et plein d’autres gentillesses comme celles-ci. Il se voit bien trucider tout ce beau monde, voire plus si affinités.

 

Ricardo Salvador va nous montrer jusqu’où peut mener la méchanceté, jusqu’à la folie ? Ou le contraire. Heureusement l’auteur a rempli son bouquin d’humour mais nous démontre que tous les tarés, les fêlés de la calebasse, les déficients du ciboulot ne sont pas enfermés et nous en connaissons tous, mais les gens sont méchants, n’est-ce pas ?

Patrice Farnier


Blanc comme la nuit

Ann Cleeves

 

Belfond

352 p / 20 €

Blanc comme la nuit

La riche artiste peintre, Belle Sinclair, organise une exposition à la Harengerie, un lieu où autrefois, on faisait sécher le poisson et qu’elle a transformé en galerie. Née à Biddista, cette shetlandaise snob et fantasque a toujours aimé s’entourer d’hommes. Elle a proposé à une autre peintre, Frans Hunter, de présenter également ses toiles. A l’occasion de ce vernissage et pour donner un cachet supplémentaire à cette soirée, Bella a invité son neveu Roddy à venir jouer du violon. Le jeune homme est devenu une véritable vedette dans le monde entier. Élevé par sa tante, c’est avec plaisir et reconnaissance qu’il a accepté de lui faire cet honneur. Pendant la soirée, un homme provoque un incident qui jette un froid sur l’assistance. Le lendemain, le corps de cet homme est retrouvé pendu dans une cabane de pêcheur. Curieusement, son visage est recouvert d’un masque. Personne ne le connaît et l’enquête va, de ce fait, s’avérer difficile. L’inspecteur Perez seconde Roy Taylor venu d’Inverness pour diriger l’enquête. Une petite rivalité existe entre les deux hommes mais l’avantage de Perez est qu’il est du pays. En effet, tout le monde se retranche derrière le silence, chacun préférant garder ses soupçons pour préserver la quiétude des lieux. Que s’est-il passé autrefois dans cette petite communauté repliée sur elle-même et qui veut donner une image paisible et unie. Quels secrets, depuis longtemps enfouis, ne veut-elle pas voir dévoiler ?

 

Dans un cadre austère mais superbe, Ann Cleeves situe pour la deuxième fois son intrigue. Elle nous entraîne dans des lieux isolés mais dont elle sait si bien décrire la beauté sauvage. Dans une atmosphère pesante et glacée, l’inspecteur Jimmy Perez devra faire preuve de patience et de psychologie pour comprendre les habitants de Biddista et essayer de les percer à jour. Un très agréable moment de dépaysement par la lecture

Dany Neuman

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