R O M A N S
30/03/2011

Le jaguar sur les toits

François Arango

 

Éditions Métailié

368 p /19

Le Jaguar sur les toits

Dès le début de son livre, l’auteur nous met dans le bain en nous contant en détail les sacrifices humains pratiqués par les aztèques. Un emplumé arrache, à grand coups de couteau, le cœur des sacrifiés et le jette sur une idole en laissant le mutilé tomber au pied de la pyramide sur laquelle se pratique ces charmants rites. Au nom de leurs dieux, ces gentils messieurs peuvent, en quelques jours seulement, faire passer de vie à trépas quelques milliers de braves gens. Mais nous sommes là en pleine période précolombienne, c'est-à-dire avant que les conquistadores ne viennent mettre la pagaille dans cette partie du monde. Ils vont, eux aussi, participer à la grande boucherie, qui à l’arbalète, qui au coutelas, qui au mousquet pour ne pas dire au couteau de cuisine, et tout ça, au nom de leur Dieu. Comme si on ne pouvait pas avoir tous le même !

Mexico City aujourd’hui, des crimes sont perpétrés sur le même rituel, les morts ont le thorax ouvert et le cœur arraché. Un enquêteur français, Alexandre Gardel et une entomologiste mexicaine, Catarina Marin (une sorte de Salma Ayeck, mais avec les yeux « gris tempête ») sont chargés de l’affaire.

De toute évidence, ces meurtres sont commis par un ou des dégénérés ou par des fanatiques au nom d’un Dieu ou d’une religion datant de quelques siècles.

Une piste va les mener chez les indiens du Chiapas, une autre vers la guérilla zapatiste, en tout cas vers un fou sanguinaire, c’est sûr.

 

François Arango présente le Mexique dans son immensité et sa complexité et se permet de dénoncer les mœurs de certains personnages contemporains bien en vue, qu’ils soient policiers ou politiciens. Il doit connaître à fond cette partie de l’Amérique centrale, ses descriptions des villes ou des campagnes sont, à n’en pas douter, l’œuvre d’un spécialiste tout comme celles des traditions liées à la civilisation précolombienne. 

 

Patrice Farnier

 


Les larmes de diamants

Deborah Crombie

 

Albin Michel

352 p / 19,50 €

Les larmes de diamants

Nous sommes à Londres, dans les années 80. Erika Rosenthal, une vieille dame, est prévenue par un fidèle ami qu’une broche, dont celle-ci lui avait parlé et décrite dans le détail, figure sur le catalogue d’une grande salle de vente très réputée. Cette superbe broche, disparue depuis 50 ans appartenait à Erika, elle lui avait été offerte par son père, un célèbre joaillier art déco et volée durant sa fuite avec son mari de l’Allemagne nazie. De la voir réapparaitre fait resurgir en elle des souvenirs douloureux. Pour résoudre cette énigme, Erika demande à son amie Gemma James, inspecteur de police de lui venir en aide. A peine celle-ci a-t-elle interrogé l’adjointe du commissaire priseur, la jeune Kristin Cahill, que celle-ci se fait tuer, percutée par une voiture. Gemma demande à ce que cette affaire soit reléguée désormais au Yard et confiée au commissaire Duncan Kincaid, son compagnon dans la vie.

Interrogé, l’expert Amir Khan ne veut rien révéler sur la provenance du bijou. Ce dernier est soupçonné ainsi que le jeune assistant Giles Oliver, qui était secrètement épris de Kristin. Mais c’est du côté de son amant, Dominic Scott appartenant à une famille fortunée, que les policiers vont se tourner. Ils vont s’intéresser de très près à l’ami de celui-ci, un certain Harry Pevensy, vieux comédien has-been. Malheureusement avant même de l’interroger, celui-ci est à son tour renversé par une voiture.

Gemma James, n’ayant jamais eu vraiment d'explications de son amie Erika sur sa fuite avec son mari de l’Allemagne nazie, va consulter les archives de la police datant de ces années-là. Un inspecteur, Gavin Hoxley, avait mené, à l’époque, une enquête sur la disparition de son mari dans des circonstances troublantes. Très vite, ses investigations avaient été abandonnées. Avait-il subi des pressions ? Gemma va comprendre alors que tout cela est peut-être lié et qu’il n’est pas sans danger de vouloir remuer le passé.

 

Le sympathique couple Duncan Kincaid et Gemma James nous font vivre leur quotidien autant sur le plan professionnel que privé. L’auteur évoque à travers ce roman la captation des biens des familles juives par les nazis. Une intrigue passionnante qui prend le temps de nous faire découvrir les personnages et leur vécu, en alternant passé et présent. Un livre qui se lit facilement mais qui sait ménager le suspense jusqu’au bout

Dany Neuman


Guerre sale
Dominique Sylvain

Éditions Viviane Hamy
318p / 18 €

Guerre sale
Vous connaissez le supplice du pneu ? Non ? Bon, je vous explique. On prend un homme, mais ça peut être une femme, et on lui fait un collier avec un pneu de voiture. De préférence juste assez grand pour lui emprisonner les épaules et, avec un peu d’essence répandue sur le dit pneu et une allumette, on a la mise à mort la plus terrible et la moins chère qui soit.

Paris aujourd’hui, plus exactement, Colombes. Un avocat célèbre, spécialisé dans les affaires de la Françafrique est découvert brûlé sur la plage de la piscine municipale (le supplice du pneu). Cinq années plus tôt, un flic d’origine africaine avait été retrouvé mort dans les mêmes conditions. De là à imaginer qu’il y a des magouilles entre la France et certains pays d’Afrique, il n’y a qu’un pas. Nous sommes en plein scandale politico-financier impliquant les ministères des Finances, de l’Intérieur et de la Défense. (Souvenons-nous de l’affaire des frégates de Taïwan de triste mémoire. Entre rétro-commissions et pots de vin, ils ne manquent pas d’imagination nos élites gouvernementales, non ?)

Le commandant Sacha Duguain et le capitaine Emmanuelle Carle partent en guerre contre ces meurtriers et cette corruption.

 

Dominique Sylvain nous décrit par le détail, le machiavélisme et la cupidité de tous ces braves gens qui prétendent faire marcher le monde et qui, en fait, le mine jour après jour dans de sordides affaires de fric, sans regret ni pitié pour les populations concernées. L’auteur nous fait suivre une superbe enquête et nous emmène vers un dénouement totalement imprévisible

Patrice Farnier


Avis de décès

Todd Ritter

 

Ixelles Editions

376 p / 20,90 €

Avis de décès

Le récit se déroule dans une petite ville de Pennsylvanie, Perry Hollow. Le chef de la police locale, Kate Cambell, est prévenu par un routier que, sur l’autoroute qui mène à la ville, il a aperçu une caisse ressemblant fort à un cercueil. Arrivés sur les lieux, les policiers l’ouvrent et trouvent à l’intérieur un corps, celui de George Winnick, un fermier des environs dont l’épouse avait signalé la disparition. C’est un choc pour Kate car, dans ce coin tranquille, aucun meurtre n'a jamais été commis. Elle et son adjoint ont plutôt l’habitude de rédiger des contredanses. Lorsqu’ils examinent de plus près la victime, ils restent pétrifiés. Les lèvres du malheureux ont été cousues et ses veines et ses artères ont été vidées de leur sang pour être remplacées par un liquide d’embaumement. Quel être fou et cruel a pu faire cela, en tout cas quelqu’un qui a les mêmes notions qu’un thanatopracteur.

Le shérif leur envoie le lieutenant Nick Donnelly, du Bureau des Enquêtes criminelles, pour mener l’enquête avec son équipe. Il ne dédaigne pas pour autant l’aide que peut lui apporter Kate Cambell qui connaît tous les habitants de la ville. Alors que tout le monde s’interroge sur ce crime horrible dépassant l’imagination, un journaliste Henry Spector, responsable de la rubrique nécrologique dans la gazette locale, se manifeste. Il a reçu, quelques heures avant la macabre découverte, un préavis de la mort du fermier. Pourquoi a-t-il servi de relai à l’assassin qui va continuer de la même manière à annoncer ses prochains crimes. Henry Spector va désormais vivre dans l’angoisse de recevoir un fax annonciateur de mort. Kate Cambell veut, par tous les moyens, protéger sa petite ville de ce tueur en série, mais comment peut-elle le devancer puisque celui-ci, tapi dans l’ombre, est prêt à frapper là où on ne l’attend pas.

Une véritable panique s’emparera d’elle lorsque son propre fils, un petit garçon déficient mental, sera approché par le tueur.

 

Pour lire ce roman, il faut avoir le cœur bien accroché car les rebondissements ne manquent pas. Frayeurs et émotions alternent, l’auteur parvient à rendre certains personnages très attachants en nous dévoilant petit à petit leurs passés douloureux. Comment le lecteur peut-il trouver parmi tous ceux qui, de près ou de loin sont touchés par ces crimes, le véritable coupable ? C’est là tout le talent de Todd Ritter. Un roman fascinant et glaçant à la fois, en tout cas un début très prometteur à mon avis.

Dany Neuman

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