R O M A N S
10/05/2011

La vitre brisée

Jeffery Deaver

 

Éditions des Deux Terres

576 p / 22,50

La vitre brisée

Alors qu'il mène une enquête avec le MI5, Lincoln Rhyme apprend que son cousin Arthur a été arrêté et accusé du meurtre d'Alice Sanderson. Lincoln a beau être tétraplégique, dépendre d'un aide soignant et de son équipe d'enquêteurs, il demeure le meilleur criminologue de New York. C'est pourquoi l'épouse d'Arthur vient lui demander son aide. Des preuves accablantes, et un "providentiel" coup de fil anonyme à la police relient le cousin Rhyme à la scène de crime. Et pourtant, le véritable coupable ne chercherait-il pas à effacer ses traces ? Arthur, lui, se dit innocent. Pour l'instant il pense qu'il s'agit d'une erreur de la police…

Bientôt, l'équipe de Rhyme intercepte l'un de ces fameux appels anonymes qui les oriente sur la piste de William Deleon. Une occasion unique, sans doute, pour cueillir le délateur et probable assassin. Sachs, Pulasky et la Brigade d'intervention se postent aux alentours du domicile de Deleon, certains que le vrai tueur viendra y déposer ses indices. Malheureusement leur plan échoue et dans sa fuite le tueur jette le sac qui contenait les preuves contre Deleon.

Au fond du sac, une adresse et un nom : Robert Jorgensen. Au premier abord, l'homme a l'air de souffrir de délire paranoïaque, il prétend être persécuté par Dieu ! Ainsi nomme-t-il celui qui lui a volé son identité, accumulé des centaines de milliers de dollars de dettes à son nom, fait de l'ancien chirurgien orthopédiste un clochard. Or le Dieu de Jorgensen n'est pas une entité toute puissante, c'est juste un citoyen lambda, certes un peu dérangé sur les bords. La vraie question est de savoir comment il a eu accès à tant d'informations sur ses victimes, celles qu'il tue et celles qu'il fait accuser à sa place. Bienvenue dans le monde inquiétant des extracteurs de données, ces sociétés qui exploitent les infos publiques et privées des individus !

 

Comme à son habitude, Jeffery Deaver nous offre un récit haletant et efficace. On passe un agréable moment à le lire, même si on peut parfois regretter le côté "balisé" des productions américaines.

Bunny Parker


Le voyeur

Brian Freeman

 

Presses de la cité

500 p / 22 €

Le voyeur

En ce 4 juillet 1977, jour de l'Indépendance, Cindy rentre chez elle vers minuit. Ce n’est pas vraiment les feux d’artifice qu’elle avait été admirer, non, pour elle c’était un grand soir, celui de la première fois avec un garçon. Voilà, elle avait franchi le pas avec Jonny. Impatiente de se confier à sa sœur Laura, elle frappe à la porte de sa chambre, mais Laura n’est pas rentrée, elle ne rentrera jamais. On la découvrira assassinée à coups de batte de base-ball sur une petite plage du lac Supérieur à Duluth, dans le Minnesota. Le coupable, soi-disant, était un vagabond de passage qui avait quitté la ville après le drame. Mais voilà que trente ans plus tard, Tish, une ancienne amie de la victime, revient dans la petite ville afin d’élucider l’affaire et d’en faire un livre. Pour commencer, elle va demander l’aide de Jonathan Stride, le chef de la brigade criminelle qui, lui également, n’a jamais cru que le véritable coupable avait été celui qu’on avait désigné.

Au même moment, Maggie Bei, la collègue de brigade de Stride, enquête sur un voyeur qui s’en prend à des adolescentes blondes, comme l’était d’ailleurs Laura. Y aurait-il un lien entre les deux affaires malgré les années qui les séparent ? Tish, de son côté, a toujours été persuadée de la culpabilité de Peter Stanhope qui, à l’époque harcelait toutes les filles, sûr de son pouvoir de séduction et surtout de la puissance que confère l’argent.

Un nouveau drame va se produire lorsqu’on retrouvera la jeune Mary morte. Handicapée mentale, il semble qu’elle ait voulu fuir son agresseur et qu’elle se soit noyée accidentellement. La douleur des parents est terrible et le désir de vengeance de Clark, son père, augure une violence incontrôlable.

Dans ses recherches pour découvrir ce qui s’était vraiment passé ce terrible soir de juillet et être enfin en paix avec elle-même, Tish va être obligée de révéler un lourd secret à Stride. Aujourd’hui décédée à la suite d’un cancer, son épouse Cindy ne le lui avait jamais confié, respectant à l’époque, sa parole donnée. Sachant sa fin prochaine, elle avait fait promettre à Tish de revenir à Duluth pour découvrir la vérité sur la mort tragique de sa sœur Laura.

 

Dans ce récit, présent et passé s’entremêlent. Les événements vécus par les acteurs du drame sont minutieusement racontés laissant croire aux lecteurs que l’intrigue est toute simple. Pourtant, Brian Freeman a pris un malin plaisir à semer de fausses pistes. Palpitant, ce roman noir vous prend et ne vous lâche plus. Le succès de ce dernier livre sera sûrement au rendez-vous et il ne fera que confirmer le talent de l’auteur.

Dany Neuman


L’homme qui aimait les tueurs
Bernard Boudeau

Editions In Octavo

376 p / 21 €

L’homme qui aimait les tueurs

Il est là, planqué dans les bois, il attend la joggeuse. Il sait quand elle attaquera le faux plat, il appuiera sur la détente. Pas de bruit car le fusil est équipé d’un silencieux. La balle filera à la vitesse de 384 mètres seconde et se fichera dans le front de la jeune femme, c’est exactement ce qui va se passer. Ensuite, il lui tirera une deuxième balle dans la tête, au cas où…

Son forfait commis, il prendra sa moto en direction de l’Espagne, San Feliu de Guixols.

Lille, novembre 2004.

Putain ce mec, il est complètement jeté ! Dans un confessionnal, il tue un curé en l’immobilisant avec une drogue et lui ouvre les veines et le ventre. Mais il reste confiant, le cureton, jusqu’au bout. Et la mort viendra doucement sans s’affoler, enfin l’horreur quoi.

Les meurtres se suivent et les modus operandi sont tirés d’exemples de serial killers américains. Des tarés qui ont commis tout un tas de crimes tous plus affreux les uns que les autres. Il y a là une belle brochette de criminels ; Albert de Salvo dit « l'Étrangleur de Boston », il aurait tué 13 femmes. John Wayne Gacy, à qui on attribue 35 victimes. Ted Bundy, qui aurait violé puis assassiné 32 femmes. J’en passe et des plus fêlés de la calebasse.

L’auteur nous entraîne à un train d’enfer et va nous laisser imaginer tout et n’importe quoi. Jusqu’au dénouement, Bernard Boudeau va nous tenir le bec dans l’eau. Ce bouquin est une vraie réussite, après « Méfie-toi d’Assia » chez le même éditeur, il était difficile de faire mieux. Et bien c’est fait, bravo !

 

(les noms des serial killers cités sont tous authentiques)

Patrice Farnier


Irréparable

Karin Slaughter

 

Éditions Grasset

380 p/ 20,90 €

Irréparable

Atlanta, quartier d’Ansley Park, l’un des plus chics, avec de superbes maisons habitées par des gens riches, bien sûr. Abigail Campano a quitté son club et rentre chez elle, mais elle trouve sa porte déjà ouverte. Elle est en conversation avec son mari, sur son portable. Aussitôt, celui-ci lui dit d’être sur ses gardes, malgré tout elle pénètre dans l’entrée. Par terre, des débris de verre, elle monte en courant les escaliers et voit horrifiée le corps de sa fille Emma par terre, couvert de sang. A ses côtés, un jeune homme un couteau à la main, qui se jette sur elle. Bousculée, elle dévale les marches, puis s’ensuit un corps à corps extrêmement violent. Elle réussit à tuer, à mains nues, l’agresseur de sa fille.

L’inspecteur Will Trent du Georgia Bureau of Investigation est envoyé sur les lieux. Celui-ci remarque très vite que l’homme tué avait reçu un coup de couteau avant d’être étranglé. N’était-il pas plutôt une victime et qu’il y ait eu une terrible méprise. Arrivé de toute urgence, Paul Campano le mari, après le premier choc à la vue du corps, persiste à affirmer que celui-ci n’est pas celui de sa fille Emma. Où est-elle alors ? A-t-elle été enlevée ?

Pour seconder Will Trent dans son enquête, on lui a dépêché une coéquipière, Faith Michelle qui manifeste de profonds ressentiments envers lui. La mère de cette dernière, commandant de police, avait été au cœur d’un scandale de corruption et mise d’office à la retraite. A l’époque, c’était Will Trent qui s’était occupé de cette affaire. Leur collaboration forcée augure donc bien des tensions, mais ils devront, avant tout, mettre leur efficacité et leur expérience au service d’une affaire qui s’avère difficile et complexe, avec des ramifications inattendues.

Le thème de la manipulation mentale nous entraîne dans ce qu’elle représente de plus dangereux et de plus pervers. L’inspecteur Will Trent est un personnage hors du commun. Le fait qu’il ait eu une enfance malheureuse dont il garde de douloureux souvenirs, qu’il souffre en secret d'illettrisme, lui ont donné un sens aigu de l’observation. Il parvient par des ruses, à cacher son handicap, en faisant la démonstration qu’il est, malgré tout, un excellent flic.

 

Karin Slaughter sait ménager le suspense dans ce polar psychologique d’une rare intensité. On ne ressort pas indemne de ce récit qui m’a littéralement captivée du début à la fin.

Dany Neuman

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